Si le metteur en scène français et le compositeur argentin se connaissent depuis une dizaine d’années, Mon bel oranger est le premier spectacle qu’ils conçoivent ensemble. C’est Ezequiel Spucches qui a proposé le roman de Vasconcelos, l’un des livres majeurs de la littérature jeunesse dans le monde latino-américain. « Écrit dans les années soixante, il raconte une histoire qui se passe à Rio dans les années trente, marquée par la pauvreté et la violence sociale, et emprunte des éléments au roman initiatique, avec une dimension universelle. C’est surtout un texte où la musique est présente dès les premières pages. Zézé est un enfant un peu à part qui vit avec la musique dans sa tête. » Pour Christophe Laluque, l’adaptation ne devait pas prendre une forme théâtrale traditionnelle. « Notre narration s’appuie sur des morceaux choisis, suivant un fil rouge, le rapport du jeune héros avec les figures de la paternité. En déplaçant et en distribuant l’incarnation des personnages à l’ensemble des interprètes, comédiens et musiciens, nous avons voulu permettre à chacun de porter l’histoire, et solliciter l’imagination du spectateur. »
« Faire affleurer les ressources universelles de l’histoire »
L’univers sonore élaboré par Ezequiel Spucches s’inscrit dans la lignée de ce qu’il a fait dans le Carnaval des animaux sud-américains. « Je ne souhaitais pas me placer hors de l’univers brésilien. J’ai extrait des reliques de ses traditions populaires, que j’ai transformées ensuite avec des modes d’écriture plus contemporains sur les timbres et les jeux instrumentaux. Grâce à ma collaboration avec Aurelio Edler-Copes pour la partie électronique, je sors de l’exotisme pour faire affleurer les ressources universelles de l’histoire.» L’écriture musicale au plateau, que le compositeur n’avait jusqu’alors jamais pratiquée, renouvelle l’alchimie entre les mots et les notes. « Les répétitions avec la musique influencent les comédiens. La musique fait jaillir le texte, qui, à son tour, devient musical. » Cette attention à la poésie et à la souplesse de l’interprétation s’inscrit au cœur du projet défendu par Christophe Laluque au Théâtre Dunois, « avec un accent sur les registres de jeu plutôt que sur la scénographie. Mis en voix sur le plateau, un texte prend une dimension particulière. Mon bel oranger condense les grandes lignes d’une programmation qui veut faire réentendre des grandes œuvres parfois négligées et les rendre accessibles à tous les publics. Je n’ai jamais eu le sentiment de faire du théâtre pour enfants, mais avec les enfants. La valeur de la littérature dépasse les clivages d’âge et de génération. »
Gilles Charlassier
Tél. 01 45 84 72 00. Durée : 1 heure.
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