Molly S.

En mars 2013, durant plus d’un mois, Julie Brochen a mystérieusement perdu l’usage de son oreille gauche. C’est cette expérience inattendue qui est à l’origine du spectacle que l’ancienne directrice du Théâtre national de Strasbourg présentera, à partir du 7 décembre, au Théâtre de Trévise. « Je me suis mise à écrire, prendre des notes de façon compulsive, déclare-t-elle. J’entends plus rien à gauche, le texte issu de ces notes, constitue le point de départ de mon intérêt pour les travaux d’Oliver Sacks et de notre intention de travailler sur la pièce de Brian Friel, Molly Sweeney ». Une pièce qui relate l’histoire de Molly, une femme aveugle depuis son enfance qui décide de subir une opération pour tenter de recouvrer la vue.

La liberté d’être soi

« La cécité ou le handicap de Molly est revendiqué comme une singularité et une liberté de choix, explique Julie Brochen. Une liberté à nouveau d’être soi. Même si cela suppose de nouveaux obstacles, des désillusions. C’est la condition même du mouvement, rester en mouvement et en recherche, être vivant. » Mêlant monologues, dialogues (avec le mari de Molly et l’ophtalmologue qui va procéder à l’opération), airs de piano et chants, la comédienne et metteure en scène sonde, à travers ce spectacle, la subtilité et la complexité des repères qui constituent notre rapport au monde. Elle pose ainsi la question du réel et de la façon dont nous l’appréhendons.

Manuel Piolat Soleymat