Danse - Critique

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Mobile - Critique sortie Danse Vélizy-Villacoublay


Région / tournée / Chor. et interprétation Pierre Rigal

Tel un ange déchu ou un spéléologue des temps futurs, un individu descend sur une terre de solitude et de silence, vide, et donc prête à accueillir tous les désirs. Un peu trop léger, il effleure le sol plus qu’il ne s’y pose, encore moins ne s’y ancre. La gestuelle, tout en hésitations, en revirements, de cette créature, mi-homme, mi-insecte, distille une certaine grâce mêlée à de l’amusement. Impossible de ne pas songer aux marionnettes de Kleist en voyant s’agiter et se plier en tous sens ce personnage sans poids, accroché à un ciel de théâtre, qui nous renseigne sur l’illusion de l’existence. D’ailleurs, le voici prêt à remplir le réservoir de nos rêves. De son œil unique – en l’occurrence une lampe frontale –  il éclaire le plateau et fait jaillir d’étranges formes. Jolie parabole biblique un peu futée, qui nous rappelle que seule la lumière peut nous faire voir ce que l’on a sous les pieds !

De merveilleux et inquiétants nuages

Donc surgissent de beaux volumes qui se déplacent dans les airs avec complaisance. Si certains sont immédiatement reconnaissables, automobiles planantes, râbles de renard, ours gonflé par le zéphyr, d’autres restent bien énigmatiques. Il faudra attendre un peu pour mettre bout à bout ces objets volants non identifiés. On se prend à tenter de déchiffrer ces curieux nuages, tandis que notre homme – cette fois pas de doute sur sa nature – se meut et se déplace en évitant ces fragments, ou en cherchant au contraire à les apprivoiser. Bientôt ces drôles de mobiles se retournent et dévoilent leur image. Nous discernons alors une sorte d’inventaire à la Prévert que l’on taira ici pour laisser un peu de suspens aux futurs spectateurs. Mais disons que la vérité de la chose change du tout au tout notre position à l’égard de cette réalité idéale en deux dimensions. On chemine bientôt dans ces colonisations de l’esprit qui mêlent l’animal à l’inanimé. Le danseur, dont les gestes grincent ou grondent selon l’intensité des mouvements, se noue et s’entrave de façon assez inextricable avant que la gestuelle ne s’adoucisse, ne s’arrondisse, tandis que l’ombre des choses envahit le plateau. La représentation n’est-elle pas toujours illusoire ?

 

Agnès Izrine

A propos de l'événement


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du vendredi 1 avril 2016 au vendredi 3 juin 2016

8 Avenue Louis Breguet, 78140 Vélizy-Villacoublay, France

En tournée : le 1er avril 2016 à L’Onde Théâtre Centre d’Art de Vélizy-Villacoublay, du 26 mai au 3 juin 2016 au Théâtre Garonne de Toulouse. Spectacle vu lors de sa création à la Maison de la Culture de Bourges. Durée : 1h15.


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