Kamilya Jubran et Sarah Murcia
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Pour son dernier projet à la tête de l’Orchestre national de jazz, Olivier Benoit confie le programme et la formation à un musicien de Chicago, le batteur Mike Reed.
Dans l’imaginaire du jazz français, Chicago est un horizon d’attente depuis plus d’un demi-siècle et, en particulier, depuis qu’un petit noyau de musiciens venus de la Windy City a posé ses valises à Paris alors que soufflait sur la ville Lumière le vent de contestation de Mai-68. Réunis en un Art Ensemble (qui, de facto, compléta son nom d’un « of Chicago » qui en précisait l’origine géographique), ces musiciens atypiques, organisés en collectif, véhiculaient non seulement une autre manière d’envisager l’improvisation — affranchie des canevas traditionnels — mais également pensaient le concert comme happening et la scène comme lieu de performance. Leur influence fut grande sur toute une génération de jazzmen français avide d’expérimentation — à commencer par Michel Portal. Qu’un demi-siècle plus tard, le directeur de l’Orchestre national de jazz, le guitariste Oliver Benoit, héritier indirect de cette génération des pionniers des musiques improvisées européennes, choisisse de clore son mandat artistique par une commande à Mike Reed, lui-même légataire des grandes figures de la scène free de Chicago, et notamment du saxophoniste Roscoe Mitchell, avec qui il se produit régulièrement, peut se lire comme le signe d’une persistance d’inspiration de cette scène qui, excentrée de New York, a développé ses propres concepts esthétiques mais aussi s’est depuis longtemps structurée en une Association for the Advancement of Creative Musicians (AACM), dont l’aura reste forte dans notre pays.
L’esprit de Chicago à Paris
Représentant de la nouvelle génération de musiciens attachés à l’AACM, propriétaire et directeur du Constellation, un complexe dédié aux arts à Chicago, activiste de bien des manières dans le champ socio-culturel, le batteur Mike Reed s’est donc vu confier l’orchestre par Olivier Benoit ainsi que l’écriture d’un programme original, The City Was Yellow : The Chicago Suite. Reed a choisi non seulement d’agréger à l’ONJ les musiciens de son quartet People, Places & Things, mais aussi de puiser, comme il le fait régulièrement, dans l’œuvre de compositeurs de la scène de Chicago, parmi lesquels on retrouve, entre autres, Fred Anderson, Ernest Dawkins, Ken Vandermark ou encore Nicole Mitchell. Une œuvre patchwork, dont la première aura lieu au festival Sons d’hiver qui, en France, accueille depuis longtemps les représentants de cette scène dont le dynamisme ne faiblit pas.
Vincent Bessières
salle Michel-Bouquet, à 20h30. Tél. 01 45 47 72 41 (Festival Sons d’hiver). Places : 12 à 20€.
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