Théâtre - Critique

Mélite

Mélite - Critique sortie Théâtre


Mélite, la comédie de Corneille, met en scène deux couples d’amants, Éraste et Mélite d’un côté, Philandre et Chloris de l’autre, et un cavalier isolé, Tircis. Éraste aime Mélite qui ne l’aime pas. Philandre aime Chloris, et cet amour est partagé. Tircis, l’ami d’Éraste, joue les cyniques, c’est un rebelle à l’amour. S’il devait aimer, ce ne serait que pour l’intérêt et l’argent. Éraste lui indique qu’il fait fausse route. La preuve ? Mélite qu’il aime et qu’on n’aime que pour elle. Imprudemment, Éraste présente la belle à Tircis : coup de foudre. Éraste éconduit écrit, pour provoquer la jalousie de Tircis, de fausses lettres que Mélite aurait adressées à Philandre qui s’en voit flatté… Du coup, les amants Philandre et Chloris sont aussi mis à la question. De ce jeu résultent au dénouement deux couples d’amants qui ne sont plus les mêmes, avec forcément un nouvel esseulé. Mélite, sorte de pastorale urbaine, la première comédie de Corneille publiée en 1633 a connu d’abord un succès fort. La sensualité, la crudité et la verdeur relatives de l’œuvre seront ensuite estompées lors des versions remaniées de 1644 et de 1660. La bienséance exige désormais qu’on ne dégaine plus les épées, qu’on ne s’embrasse plus à tous les coins de porte, ni même qu’on ait des velléités verbales de suicide dues à la passion.

Une scénographie délibérément kitsch.

Le metteur en scène Jan-Oliver Schroeder, préférant l’esprit dru de 1633, fait fi de toute rigueur restrictive en s’amusant de ces interdits surannés pour notre sensibilité d’aujourd’hui. Le parti pris d’humour, de distance et d’ironie bienfaisante fait ainsi que les deux amants heureux, Philandre et Chloris, cueillent des baisers à pleine bouche à n’en plus finir. Des complaisances libertines plutôt cohérentes à l’intérieur d’une scénographie délibérément kitsch. Bar de plage espagnole, parasols, transats, boissons glacées, lunettes de soleil, mâles musclés et halés, pin-ups et petites robes, sans oublier quelques trêves musicales de tango, de rumba, de salsa et de cha-cha. Encore aurait-il fallu accorder quelque respect aux vers de Corneille, véritable armature musicale et symbolique de la pièce. Passés à la trappe, les alexandrins classiques que le public ne saisit qu’à moitié tant l’art d’une diction sentie reste approximative. Sauvons de cette distribution irrégulière, le bel engagement de Samuel Debure pour Éraste, de Pascal Guignard pour Tircis et de Pierre-Alexandre Cuzin pour Clitandre. Beaucoup de bonnes intentions juvéniles, un air vif et saillant qui gagnerait à donner davantage de poids au verbe et au souffle cornéliens.

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