Meilleurs alliés

« Comment voulez-vous que je fasse avec un homme qui se prend à la fois pour Jeanne d’Arc et Napoléon ? » disait Roosevelt de Charles de Gaulle. Peut-être que la meilleure manière de composer avec l’auteur de l’Appel du 18 juin était de se rêver soi-même en pucelle sacrificielle… Telle est l’idée d’Hervé Bentégeat : « Churchill et de Gaulle se prennent tous les deux, chacun à leur façon, pour Jeanne d’Arc : des voix leur ont dit, dès leur plus jeune âge, qu’ils allaient un jour sauver leur pays. » Le dramaturge imagine la rencontre du 4 juin 1944 : Churchill convoque de Gaulle à Londres pour lui faire part de l’imminence du débarquement des troupes alliées en Normandie.

Laurel et Hardy

La rencontre se passe très mal car de Gaulle est furieux que la France libre soit écartée de cette opération militaire décisive. Pascal Racan et Michel de Warzée incarnent le « face-à-face orageux entre deux monstres de l’Histoire, qui éprouvent l’un pour l’autre un mélange d’estime et d’agacement, de fascination et d’exaspération ». Intelligence et stratégie croisent le fer : la discussion est houleuse et les saillies sont assassines. Entre ces deux personnages, qu’Hervé Bentégeat compare à Laurel et Hardy (« un couple baroque où un grand maigre introverti fait face à un petit gros exubérant (…); un optimiste dépressif et un pessimiste actif »), il y a pourtant bien des points communs que ce spectacle offre de découvrir.

Catherine Robert