Danse - Entretien / Maguy Marin

May B, Maguy Marin revient sur la création de May B. quarante ans après. Rencontre.

May B, Maguy Marin revient sur la création de May B. quarante ans après. Rencontre. - Critique sortie Danse Créteil Mac Créteil Maison des Arts


Maison des Arts de Créteil / Chor. Maguy Marin

May B. A été créé en novembre 1981. Quel regard portez-vous sur ces presque 40 ans de longévité ?

Maguy Marin : Nous sommes encore sidérés que cette pièce continue à être jouée. Comme si elle se renouvelait à chaque fois. Les interprètes qui la reprennent sont heureux de la danser, elle ouvre un terrain de recherche aux plus jeunes, c’est surprenant pour moi aussi…

Quand vous la regardez actuellement, retrouvez-vous les sensations que vous aviez lors de la création ?

M.M. :  J’ai créé May B. dans une forme d’inconscience profonde, la pièce s’est construite sur une intuition. La lecture de Beckett y a probablement beaucoup contribué, parce qu’elle a déclenché en moi  ces impressions d’humour, de gravité, de tragique. D’une certaine façon, elle n’a pas changé. On me dit parfois, à cause de la scène des valises, qu’elle fait penser aux migrants d’aujourd’hui. Mais des migrants, il y en a toujours eu ! Tout au long du XXe siècle et avant, il y a eu des gens exilés qui ont dû partir à cause des guerres, des persécutions, de leurs opinions politiques. La pièce n’est donc pas particulièrement adaptée à la situation présente. Mais je pense que le public actuel opère plus de liens avec une situation sociale, un état du monde qui parle davantage aujourd’hui qu’à l’époque.

« May B. est un théâtre du corps. »

Quelle fut la réception de la pièce en 1981 ?

M.M. :  Il y a quarante ans, May B était plus difficilement acceptable du point de vue de la danse. La danse contemporaine en 1981 était encore balbutiante, et par rapport à ce que le public pouvait attendre, une telle pièce était osée. Au début, beaucoup de gens quittaient la salle. Je me souviens surtout d’une tournée aux Etats-Unis en 1983, à l’American Dance Festival à Durham, où les spectateurs partaient par paquets de 50 ! C’était terrible. C’était relativement la même chose en France, avec plus de politesse sans doute. De fait, la reconnaissance du monde du théâtre a été très importante pour l’avenir de cette pièce. Les gens de théâtre sont d’ailleurs revenus vers moi des années plus tard pour me dire combien cette pièce les avaient marqués et avait influé sur leur travail. Il est vrai que May B. est un théâtre du corps. Le revirement du public a beaucoup compté. Mais il a pris du temps. Même à la Maison de la Danse de Lyon la pièce n’a été diffusée qu’une vingtaine d’années après sa création.

A combien de représentations en êtes-vous ?

M.M. :  Nous avons fêté la 800e en janvier dernier à Namur. Hier soir, j’ai dit à mes danseurs, « à la 1000e » on arrête tout ! Ou nous la transmettons à d’autres, comme je l’ai fait avec La Maré, la compagnie de jeunes brésiliens de Lia Rodriguez — qui fut l’une des interprètes de 1981 ! —, pour qu’elle puisse leur servir de marchepied. C’est une pièce qui nous a fait vivre. A chaque fois que nous passions par des moments difficiles, qu’une création avait du mal à démarrer, May B. nous a permis d’attendre que la suivante prenne le relais. Économiquement, elle nous a sauvés !

Propos recueillis par Agnès Izrine

A propos de l'événement


May B.
du vendredi 27 novembre 2020 au samedi 28 novembre 2020
Mac Créteil Maison des Arts
Place Salvador Allende, 94000 Créteil

Tél. : 01 45 13 19 19. Durée : 1h30.


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