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Gerold Schumann adapte et met en scène la logorrhée misanthrope et savoureusement drôle de Thomas Bernhard, servie par François Clavier, qui prête son souffle subtil et puissant à l’iconoclaste Reger.
Pour incarner les personnages de Thomas Bernhard, il faut, selon le mot de Valère Novarina, des acteurs « pneumatiques », dont le coffre permet que résonnent l’ire et l’ironie de ce « détestateur » sagace. François Clavier est de ceux-là. Il se glisse à merveille dans la peau de Reger, le grand musicologue qui sert de double à Thomas Bernhard pour pourfendre toutes les hypocrisies, les veuleries, les accommodements putassiers et les lâchetés de ses semblables. Depuis trente-six ans, Reger s’assied, un matin sur deux, sur la banquette de la salle Bordone, au Musée d’art ancien de Vienne, pour y contempler L’Homme à la barbe blanche du Tintoret. Il se rend ensuite à l’hôtel Ambassador, pour y passer l’après-midi. Le dialogue avec le maître vénitien est l’occasion pour Reger de faire le bilan de tout ce qui l’irrite et le scandalise. Tour à tour débonnaire, grinçant, désabusé, hautain, François Clavier fait jouer une large palette d’émotions pour restituer la violence et la densité du propos de Bernhard.
Clairvoyance acérée
Son Reger ne se laisse pas aller sur la pente glissante de l’hystérie : toujours élégant, tenu, il déteste le monde avec la clairvoyance acérée de ceux qui n’ont que faire de la diplomatie des pleutres. Mais un jour, Reger rompt ce rituel, et ce qui n’était jusqu’alors que torrent rocailleux devient maelström tourbillonnant : « l’alliance d’humour et de critique ouvre sur la satire politique, la dérision, et met en œuvre la critique sociale », remarque Gerold Schumann, qui met en scène avec précision sa remarquable adaptation du dernier roman de Thomas Bernhard. Le plateau est quasi nu : Reger est seul sur sa banquette et le mur blanc du fond de scène laisse au spectateur le soin de projeter les images et les œuvres avec lesquelles dialogue l’incendiaire censeur de son siècle. En notre époque, où, comme le remarquait Rousseau regrettant Sparte, la vertu est contrefaite par les imbéciles, la parole libre de Thomas Bernhard vaut comme viatique : François Clavier la porte avec aisance et force, comme un rocher aguerri dans la tempête.
Catherine Robert
à 18h20, relâche les 13 et 20. Tél : 04 90 03 01 90. Durée : 1h10. Spectacle vu à la Grange à dîmes d’Ecouen.
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