Macbett

Chez Ionesco l’ambition, la vanité, le destin et la folie du pouvoir sont portés au paroxysme du non-sens. Pire, leurs jeux impudents mènent au triomphe des plus sinistres raclures de l’humanité. Si le Macbett de Ionesco reprend la trame et les personnages du modèle élisabéthain, le maître du Théâtre de l’absurde concasse les collerettes dentelées de la psychologie, brouille et sape tous les codes scéniques : le grotesque enserre le tragique dans l’étau implacable d’une farce cauchemardesque. Jérémie Le Louët et sa jeune troupe s’emparent de cette féerie allégrement dévastatrice avec une vitalité et une finesse remarquables. Ils poussent les personnages à la lisière des archétypes, tenant la parodie à juste distance : Duncan, poltron psychotique secoué d’élans lyriques, Candor et Glamiss, duo d’assassins version Dupont & Dupont, Banco, suiveur toujours un peu à côté de ses pompes, Macbett, ado nonchalamment exalté, ou encore Lady Macbett, diva hollywoodienne, jouent le théâtre de leur existence en carton-pâte comme des marionnettes ivres de leurs enfantillages. Le metteur en scène manie avec bonheur tous les ressorts de la convention théâtrale, la pimentant d’allusions entre péplum, show TV, cabaret forain ou encore meetings politiciens. S’il prend des libertés avec le texte, en malaxe le rythme et les sonorités sans vergogne, c’est pour extraire tout le burlesque macabre et la force critique de cette réflexion bien pessimiste sur le pouvoir.

 

Gwénola David

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Avignon Off. Macbett, de Ionesco, mise en scène de Jérémie Le Louët, (voir entretien p. ) du 8 au 31 juillet à 20h au Petit Louvre, 23 rue St-Agricol. Tél : 04 32 76 02 70.