L’isola disabitata de Haydn sous la direction de Leonardo García Alarcón.

Treize ans après leur naufrage, Constanza et sa jeune sœur Silvia portent sur leur vie deux regards opposés. La première se morfond, persuadée d’avoir été abandonnée par son mari Gernando, sa cadette se réjouit des bienfaits de la nature, elle qui n’a jamais connu la civilisation ni les hommes. Le livret de Métastase tresse la première partie de ce bref opéra en deux actes autour de ces deux caractères féminins, allégories de la résignation et de l’innocence. Deux rôles, magnifiques de simplicité — et cependant plein de nuances —, bientôt rejoints par le ténor (Gernando) et le baryton (son ami Enrico), tous parfaits pour de jeunes chanteurs. Dominique Pitoiset, le nouveau directeur de l’Opéra de Dijon, avait monté cet opéra rare en 2005 en s’appuyant sur les chanteurs de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris. Cette fois, la mise en scène est confiée à Luigi De Angelis, maître des petites formes avec sa compagnie Fanny & Alexander, et les solistes sont ceux de l’Académie de l’Opéra de Paris (qui a succédé à l’Atelier lyrique). Chef d’orchestre de génie et grand pédagogue, associé de longue date à l’Opéra de Dijon, Leonardo García Alarcón dirige les solistes (deux distributions) et de jeunes musiciens issus des conservatoires de Paris, Lyon, Genève et Dijon — un gage de réussite pour cette musique alerte, qui vient colorer avec verve et humour les airs et récitatifs de cette Île déserte.

Jean-Guillaume Lebrun