L’extravagante Metropole de Volmir Cordeiro

Il débarque dans une épaisse fumée blanche, sur un plateau ceint de bandes de sécurité, alors que vrombit, au centre, la batterie de Philippe Foch. Immense, emmitouflé dans un sculptural manteau de feutrine qui ne laisse entrevoir qu’un masque félin perforé par deux yeux qui roulent, il prend possession du ring. Sans jamais quitter la salle du regard, il déploie ses membres de géant, provoque de ses violents coups de reins. Pendant près d’une heure, Volmir Cordeiro va incarner dans une sorte d’opéra punk expressionniste ce qu’il perçoit de nos métropoles. La volonté de contrôle et son lot de terreur et d’oppression d’abord, la lutte et ses élans libérateurs ensuite, l’irruption des nouvelles technologies, souvent aliénantes, enfin.

La métropole en trois tableaux

S’effeuillant et se transformant pour passer de l’un à l’autre des tableaux jusqu’à finir en collant rose, il fait naître diverses émotions et divers paysages, toujours en grande complicité avec les remarquables percussions de Philippe Foch. Catcheur ou figure carnavalesque, danseur folklorique ou star de Tik Tok, il manie le salut militaire, roule des hanches, brandit une rose ou un cercueil, s’empare d’un micro pour crier : « abominable, déplorable, mesquin, sordide, détestable » ou « Autocrate, fasciste, charlatan, bourreau, génocide » avant d’interroger celui qu’il appelle le « seigneur citoyen ». Avec Metropole, Volmir Cordeiro continue de défendre les marginalités, de dénoncer les oppressions, à sa manière toujours transgressive, extravagante, festive. Il impressionne par son engagement et la fougue de sa performance.

Delphine Baffour