Théâtre - Critique

Les Visages et les Corps

Les Visages et les Corps - Critique sortie Théâtre Paris THEATRE DU LUCERNAIRE


REPRISE
Théâtre du Lucernaire / de Patrice Chéreau / mes Philippe Calvario

Philippe Calvario reprend Les Visages et les Corps, la pièce qu’il avait créée au Quartz de Brest, au moment même où Patrice Chéreau signait au musée du Louvre – dont il était le Grand invité – une suite de propositions artistiques (et un ouvrage) reprenant ce titre. Reprogrammé ensuite au Théâtre du Rond-Point avant la brutale disparition du metteur en scène en octobre 2013 , ce « monologue-lecture », loin d’être un acte de circonstance, plonge ses racines dans la volonté d’investir les mots et les pensées du grand artiste pour faire théâtre de leur acuité, de leur profondeur. Des visages et des corps, il y en a une foultitude dans cette représentation d’une force rare : le visage et le corps de Philippe Calvario, en premier lieu, incandescents, jusqu’au-boutistes, engagés à l’extrême, agités parfois, jusqu’à la nervosité, ou peut-être la colère, vibrants, allant et venant dans l’espace scénique tel un lion en cage, s’arc-boutant sur les mots et les images que le texte fait naître, les investissant de toute sa force, de tout son poids, nous regardant, dans les yeux, nous parlant, nous prenant à témoin, nous demandant d’être là.

Bien plus qu’un hommage…

Et puis, il y a aussi les visages et les corps de Bernard-Marie Koltès, Charlotte Rampling, Jean Genêt, Hervé Guibert, Marianne Faithfull, Richard Peduzzi, Isabelle Adjani, Jon Fosse…, convoqués, imaginés à travers ces extraits de journal mêlant intime et questionnements sur l’art, sur le monde, sur la mort, sur l’existence. C’est bien plus qu’un hommage qui se joue. C’est un acte. Un acte de vie. A la fois simple et grave, d’une gravité saisissante. Arpentant un espace peuplé d’une table, d’un lampadaire, de quelques chaises et fauteuils éparpillés, sur une création sonore de Mitja Vrhovnik Smrekar, Philippe Calvario rend compte de l’amour, de l’intelligence, de la sincérité, de la force des relations qui peuvent nous unir les uns aux autres. Il se lance à corps perdu dans la matière écrite par celui qui fut son compagnon et son maître de théâtre. Ce geste-là est très beau. Il nous emporte dans un moment de vérité d’une densité renversante.

 

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


Les Visages et les Corps
du mercredi 2 décembre 2015 au samedi 16 janvier 2016
THEATRE DU LUCERNAIRE
53 Rue Notre Dame des Champs, 75006 Paris, France

Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris. Du 2 décembre au 16 janvier, du mardi au samedi à 19h. Relâche le 25 décembre et le 1er janvier. Tél : 01 42 22 26 50. Durée : 1h10.


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