Les Traversées – Noirlac, édition 2022

Le lieu, une abbaye cistercienne, appelle évidemment la liturgie et le répertoire sacré. Référence absolue, la Passion selon Saint-Jean de Bach viendra conclure le festival le 16 juillet dans l’interprétation que l’ensemble Les Surprises de Louis-Noël Bestion de Camboulas vient d’inscrire à son répertoire. Auparavant (le 25 juin), l’ensemble Les Traversées baroques propose de redécouvrir Il trionfo della Morte où l’histoire d’Adam et Ève est revisitée par Bonaventura Aliotti, un frère franciscain du xvii^e siècle, en une autre façon de tirer les Écritures vers le théâtre.

Un lieu propice à l’écoute

Mais Noirlac, plus encore qu’un espace pour la liturgie, est avant tout un lieu propice au silence et à l’écoute (les deux attitudes sont complémentaires). En découle une programmation particulièrement attentive au son, à ses écarts et ses variations, à l’entrecroisement – comme une évidence – des traditions. Ainsi de la rencontre des polyphonies corses d’A Filetta et de la tradition poétique soufie d’Abdullah Miniawy (18 juin), ou du magnifique programme « O Sidera » de l’ensemble Irini, réunissant les traditions chrétiennes occidentales (Roland de Lassus) et orientales (liturgie byzantine) ; ce programme enregistré l’an dernier à Noirlac (disque Paraty) est repris le 16 juillet, augmenté d’une création de Zad Moultaka. Dans un même esprit d’exploration des relations musicales, l’ensemble Canticum Novum fait revivre les routes de la soie au temps de Marco Polo : musique savante des monastères européens ou byzantins, mais aussi chants populaires du bassin méditerranéen et traditions japonaises (9 juillet). Parmi les autres rendez-vous, un hommage à Piazzolla par le Louise Jallu Quartet (18 juin) puis Loco Cello (25 juin), et les artistes en résidence Irina de Baghy (chant) sur le thème de la nuit (2 juillet) et Pascal Contet (accordéon) autour des compositrices d’hier et d’aujourd’hui (9 juillet).

Jean-Guillaume Lebrun