Les Ronaldo s’installent à Antony

Auréolé de loupiotes, leur chapiteau a toujours un air de fête. Non loin, les roulottes finissent de nous plonger dans l’univers des cirques d’antan, où la famille veille à perpétuer la tradition. Si famille il y a, on a pourtant vite dépassé chez les Ronaldo la dimension traditionnelle pour construire une démarche où le théâtre construit des imaginaires dans lesquels s’inscrivent les techniques de cirque. Les frères Van den Broeck – il n’y a rien d’italien dans leur histoire – sont la sixième génération d’artistes de cette famille belge, estampillée « ambassadeurs culturels de Flandre » dans les années 90. Les deux spectacles choisis par Le Théâtre Firmin Gémier / La Piscine pour ce temps fort sous chapiteau reflètent la diversité de leur démarche, qui n’a pas manqué déjà de déferler en France grâce à l’inénarrable Cucina dell’Arte. Voici treize années que ce spectacle poursuit sa folle destinée, dévoilant les talents de pizzaiolos de David et Danny, ce dernier ayant tout spécialement suivi un apprentissage auprès d’un grand maître italien en la matière.

Fidélité à une famille

Avec tout leur art du décadrage et leur folie, ils plongent le spectateur dans une cuisine pour le moins fantaisiste mais cruellement réaliste quant à la micro société qu’elle reflète… Ils font des éléments du repas et de la convivialité des prétextes à toutes les audaces clownesques et acrobatiques, détournant la margherita napolitaine de son destin originel pour mieux la faire valser ! C’est avec un tout autre décor et une tout autre ambiance que le Théâtre Firmin Gémier a prévu d’ouvrir ce portrait de famille : avec Fidelis Fortibus, créé l’année dernière, Danny nous ouvre littéralement les portes de son cimetière personnel. De la sciure, quelques stèles, et un clown, comme abandonné mais qui refuse de partir. Celui-là rejoue devant nos yeux la grande époque du cirque traditionnel où chaque membre de la famille avait sa place et son rôle. Il redonne vie aux grandes figures de son panthéon personnel, faisant de son personnage de clown un être animé par ses émotions, plein d’une sensibilité toute mélancolique.

Nathalie Yokel