Théâtre - Entretien

Les Oiseaux

Les Oiseaux - Critique sortie Théâtre Toulouse Théâtre national de Toulouse


Entretien / Laurent Pelly et Agathe Mélinand
Théâtre national de Toulouse / d’Aristophane, traduction Agathe Mélinand / mes Laurent Pelly

Les Oiseaux est la première pièce antique que vous mettez en scène. Qu’est-ce que cela représente de particulier de s’emparer d’un texte écrit il y a près de 2400 ans ?

Laurent Pelly : C’est une grande émotion. Mettre en scène aujourd’hui Les Oiseaux, c’est comme mettre en scène une pièce qui a non seulement participé à l’invention de la comédie, mais aussi à une forme de représentation qui, plus tard, a donné naissance à l’opéra, à la comédie musicale, au théâtre politique…

 Car il s’agit d’une pièce aux facettes multiples…

L.P. : Absolument. Je dirais que c’est avant tout un poème lyrique, une célébration de la nature. Mais en même temps, il s’agit d’une satire politique, doublée d’une comédie iconoclaste, brutale, extrêmement drôle, presque une comédie musicale telle que nous l’entendons aujourd’hui, avec de la musique et de la danse.

Les Oiseaux est une pièce qui parle de l’actualité de l’époque de sa création, avec des tas de références à la vie de la société athénienne…

L.P. : Oui, et de manière incroyable, énormément de résonnances renvoient à notre propre actualité. Au départ de la pièce, les deux personnages principaux fuient Athènes parce qu’ils en ont assez d’une société rongée par la corruption, les procès et la délation. Les ressemblances avec la France d’aujourd’hui sont évidemment troublantes… Ils quittent les vicissitudes de la ville pour un retour à la nature. Il y a 2400 ans, on en était déjà là !

C’est donc, d’une certaine façon, l’histoire d’une utopie…

L.P. : Exactement, ces deux personnages sont comme des clowns. Il pourrait s’agir de Laurel et Hardy. Ensemble, ils fuient la ville et rejoignent un roi qui a été transformé en huppe, pensant que cet homme devenu un oiseau sera capable de leur indiquer un endroit où ils pourront trouver refuge… Finalement, ils choisissent de rester avec lui, parmi les oiseaux, et créent une cité idéale se situant entre le monde des dieux et celui des humains.

 « Aristophane met en lumière à la fois les travers et la beauté des hommes. » Laurent Pelly

 

Qu’est-ce que cette pièce éclaire, à 2400 années de distance, de la nature humaine ?

L.P. : Elle éclaire d’abord une chose fondamentale, c’est que la nature de l’homme n’a pas changé ! Comme Shakespeare, Aristophane met en lumière à la fois les travers et la beauté des hommes. Les Oiseaux est une pièce qui parle de la bêtise, de la violence, de la cruauté, de la duperie… Mais face à tous ces défauts, il y a aussi la joie, la drôlerie, la poésie…

Pour ce spectacle, Agathe Mélinand, vous avez écrit une nouvelle traduction qui s’attache à recréer cette matière poétique. Comment pourriez-vous la caractériser ?

Agathe Mélinand : C’est l’expression de la force et de l’inspiration qui traversent cette pièce. Il ne s’agit vraiment pas de petite poésie… Le souffle de cette écriture est extrêmement puissant. Il nous laisse comme en état de choc. C’est la sensation que j’ai eue lorsque j’ai lu Les Oiseaux pour la première fois. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai eu envie de traduire cette œuvre. Pas pour l’histoire, pas pour la politique : pour retrouver la force de cette poésie.

Sur quoi s’est fondé votre travail de traduction ?

A.M. : Je suis partie d’une traduction en grec moderne, publiée dans une édition bilingue présentant également le texte original en grec ancien. L’un des principaux enjeux de mon travail a été de revenir au théâtre. Car c’est ce que j’essaie toujours de faire lorsque je traduis une pièce : ramener le texte à la représentation. Je ne traduis pas pour l’université, mais pour le plateau. Je me suis donc attachée à donner à cette nouvelle traduction (ndlr, publiée aux éditions Les Solitaires Intempestifs) les envolées de théâtre et de poésie qui font des Oiseaux une grande pièce.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


Les Oiseaux
du mardi 18 avril 2017 au samedi 13 mai 2017
Théâtre national de Toulouse
1 Rue Pierre Baudis, 31000 Toulouse, France

 


Grande Salle. Du 18 avril au 13 mai 2017. Les mardis, vendredis et samedis à 20h30 ; les mercredis et jeudis à 19h30 ; le dimanche 7 mai à 16h. Tél. : 05 34 45 05 05. www.tnt-cite.com


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