Les irrésistibles Mille et une danses (pour 2021) de Thomas Lebrun

Thomas Lebrun fêtait les 20 ans de sa compagnie en 2021. Lorsqu’elles furent mises en chantier, ses Mille et une danses, déclaration d’amour à l’art chorégraphique et à ses interprètes, avait pour objet de célébrer tous les corps, tous les âges, tous les styles et toutes les transmissions : celle du maître à l’élève, de la scène au public, mais surtout du danseur au chorégraphe. Une pandémie plus tard, elle fut créée lors du dernier festival Montpellier Danse, alors que les théâtres venaient de rouvrir leurs portes, les équipes de se retrouver. Ceci rendait encore plus vibrants le besoin de partage, le bonheur de rire, frémir ou crier ensemble, un insatiable appétit trop longtemps contrarié que les gargantuesques Mille et une danses (pour 2021) de Thomas Lebrun venait enfin combler.

Un cri d’amour à la danse

Quinze interprètes et cinq invités s’emparaient du plateau nu de l’Opéra-Comédie et enchaînaient les tableaux, en solo, duo, trio ou tous ensemble. La danse se faisait expressionniste ou minimaliste, tribale ou disco, passait de la revue à Hollywood avec jubilation. Elle ravivait nos souvenirs et semblait ressusciter pour un instant Pina Bausch ou Trisha Brown, Nijinski ou Andy de Groat. Admirant la ligne d’un mouvement, la composition graphique d’un ensemble, nous étions bercés par les réminiscences d’airs familiers des Doors, de Presley, de Debussy, Mozart ou Rachmaninov, cueillis par l’émotion de la silhouette de Thomas Lebrun qui dans un carré de lumière esquissait quelques pas au son de Mad about the boy. En un mot nous étions comblés, au point de trépigner d’envie à l’idée de revoir bientôt cette pièce généreuse, dont le foisonnement est un cri d’amour au mouvement.

Delphine Baffour