Théâtre - Critique

Les Derniers Jours de Jean-Michel Rabeux

Les Derniers Jours de Jean-Michel Rabeux - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre du Rond-Point


texte et mes Jean-Michel Rabeux

Il y a trois ans, dans la Salle Roland Topor du Théâtre du Rond-Point, Jean-Michel Rabeux et Claude Degliame nous enchantaient avec Aglaé*, une ode à la liberté et à la différence qui nous faisait entrer dans la matière concrète et authentique d’une existence : celle d’une prostituée marseillaise de 70 ans. Aujourd’hui, dans la Salle Jean Tardieu du même théâtre, l’auteur-metteur en scène et la comédienne convoquent de nouveau les territoires du réel à travers la fin de vie d’un proche, disparu à l’été 2018, moment douloureux et chaotique auquel ont pris part les deux artistes. « J’ai écrit ces mots-là chez mon ami, pendant son agonie, explique Jean-Michel Rabeux. Ce sont mes mots, mais aussi les siens, ou ceux de sa femme, ceux du croque-mort, de l’aide-soignante, des médecins. Je les ai piqués un peu à tout le monde comme j’avais piqué ceux d’Aglaé. ». Ces mots, loin d’engager de grandes considérations philosophiques sur les implications et les répercussions de la mort, nous plongent dans la trivialité des petits événements qui en accompagnent la venue. Ceci, pour ne pas détourner le regard, ne pas faire comme si la chose n’existait pas.

Ne pas abandonner le terrain « à la grande salope »

Aux côtés de Claude Degliame, Olav Benestvedt, Yann Métivier, Georges Edmont et Juliette Flipo racontent cette histoire à l’intérieur d’un espace abstrait au centre duquel tombe des cintres une élégante installation en plumes d’Isa Barbier. Les comédiennes et comédiens disent, dansent, chantent, plaisantent à l’occasion. Le théâtre cherche, ici, à ne pas abandonner le terrain « à la grande salope », pour citer l’auteur-metteur scène qui veut faire de ce témoignage sur le trépas un temps de vie intense. L’objectif n’est qu’à moitié atteint. Car si le début de la représentation capte immédiatement l’esprit et le regard (les écritures textuelle et scénique de Jean-Michel Rabeux révèlent, comme souvent, des champs théâtraux faits de liberté, d’acuité, d’exigence), la suite de ces Derniers Jours finit par s’essouffler. Des longueurs apparaissent. Comme si, peinant à se hisser à hauteur d’universel, cette création s’enfermait malgré elle dans un récit de déchéance. On se sent ainsi, peu à peu, sortir du spectacle. Avant son dénouement.

Manuel Piolat Soleymat

* Critique dans La Terrasse n° 250, janvier 2017.

A propos de l'événement


Les Derniers Jours de Jean-Michel Rabeux
du mardi 25 février 2020 au dimanche 22 mars 2020
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris

Salle Jean Tardieu. à 21h, le dimanche à 15h30. Relâche les lundis, ainsi que les dimanches 1er et 3 mars. Durée de la représentation : 1h20. Spectacle vu le 14 novembre 2019 au Théâtre des Ilets – Centre dramatique national de Montluçon. Tél. : 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr.


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