Théâtre - Critique

L’Epreuve

L’Epreuve - Critique sortie Théâtre Boulogne-Billancourt THEATRE DE L'OUEST PARISIEN


TOP / de Marivaux / mes Clément Hervieu-Léger

Lucidor, jeune homme bien né de la ville, est convalescent sur ses terres. L’intendante du château, Madame Argante et surtout sa fille Angélique ont entouré le patient de leurs soins. Sur les épaules du maître, alourdies par la douleur de la maladie, pèse l’héritage d’une belle fortune. Sensible à l’attention amoureuse d’Angélique, Lucidor aimerait savoir s’il est aimé pour lui-même ou pour ses biens. Afin d’en avoir le cœur net, l’amant fait appel au valet Frontin, travesti en maître, pour séduire la jeune bourgeoise. Il faut compter avec le fermier Maître Blaise prétendant également à Angélique, à moins que l’argent ne l’intéresse davantage. Le maître du jeu s’amuse des velléités de mariage du paysan, l’orientant sur Lisette, vive et facétieuse. Lucidor est un manipulateur qui fait passer l’épreuve de l’affliction et de la peine, non seulement à sa bien-aimée, mais à chacun des personnages, courageux dans l’adversité quand ils découvrent n’être pas aimés à hauteur de leurs voeux. Or, Angélique résiste aux contrariétés dans l’intuition douloureuse d’un amour non réciproque. Victime, elle exprime sa passion par bribes, le langage n’arrive pas à rendre compte de la vie affective. Lucidor lui « parle avec des mots » et elle le « regarde avec des sentiments » (Pierrot le Fou).

Corps à corps énergiques

Dans le silence, Angélique vit l’emprise passionnelle en tant que proie, à la façon de Lucidor, si ce n’est que l’un est bourreau et l’autre, victime. Et puisque les mots hésitants mentent et que les paroles ne révèlent plus les mouvements de l’âme, les corps déguisés traduisent franchement le mal-être. Les voix se font basses pour monter jusqu’aux cris de colère à travers les heurts précipités, les ratés et le poids des chutes dans des corps à corps énergiques, roulant sur le plateau. Loïc Corbery de la Comédie-Française est Lucidor, une silhouette sortie d’un tableau de Caspar David Friedrich. Posant de dos, en vêtements romantiques citadins, tenant une canne, il regarde le ciel tourmenté dans la quête d’un sens à donner à son existence. La méditative Audrey Bonnet est par ailleurs une belle Angélique post moderne. Et Adeline Chagneau en Lisette malicieuse se divertit avec un plaisir gourmand. Nada Strancar, la mère intéressée, est inquiète. Quant à Daniel San Pedro et Stanley Weber, ce sont des coquins pleins de verve et de prestance. Sons de cloches lointains, porte de bois grinçant, chants du coucou, cageot coloré de fruits, brassée jaune de jonquilles éparpillées, la contemplation active de la Nature rend aux cœurs leur pureté, en les arrimant définitivement à la sensualité merveilleuse du monde.

Véronique Hotte

A propos de l'événement


L'Epreuve
du jeudi 10 janvier 2013 au dimanche 20 janvier 2013
THEATRE DE L'OUEST PARISIEN
1 place Bernard Palissy, 92100 Boulogne-Billancourt
Du 10 au 20 janvier 2013 du mardi au samedi à 20h30. Tel : 01 46 03 60 44.

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