Danse - Entretien

L’envahissement de l’être : Thomas Lebrun danse avec la voix de Marguerite Duras

L’envahissement de l’être : Thomas Lebrun danse avec la voix de Marguerite Duras - Critique sortie Danse Tours CCN de Tours


Entretien
Thomas Lebrun

Comment avez-vous “rencontré” Marguerite Duras ? 

Thomas Lebrun : La première fois ce fut avec le film L’Amant (1992), quand j’étais ado. Comme je ne lis pas, je ne connais pas Duras par ses livres. Depuis quelques années, j’écoute un recueil de l’INA qui compile des interviews qu’elle a faites pendant des décennies. J’ai choisi de faire ce solo accompagné de sa voix à partir de ces matériaux. Mais la véritable rencontre se fait peut-être plutôt aujourd’hui dans le cadre de cette création.

Qu’est-ce qui vous a plu chez elle ? 

T.L. : C’est en particulier une interview où elle parle de ce que l’écriture de ses livres provoque chez elle et de ce que ça lui empêche de faire d’autre. Ses mots étaient assez proches de ce que je pouvais moi-même ressentir quand j’écris une pièce de danse. J’aime beaucoup sa façon de parler, son intransigeance et la manière dont elle peut paraître un peu exubérante.

« Danser avec elle, c’est un peu comme une discussion. »

Vous retrouvez-vous dans Duras ? 

T.L. : Je me retrouve dans certaines choses. Pas tout, mais quand je m’y retrouve, je m’y retrouve vraiment ! Il y a chez elle beaucoup d’humour, de décalage et d’ironie et en même temps quelque chose de sérieux, auxquels je m’identifie. Je me sens aussi proche de ses positions politiques, de son rapport aux classes sociales. Et je retrouve chez elle cette idée d’avoir le droit en tant qu’artiste d’écrire ce qu’on pense et de créer ce qui est profondément en nous, sans trajet obligatoire.

Comment est-ce de partager la scène, en quelque sorte, avec cette écrivaine ?

T.L. : Duras en interview, ça envoie ! Rien que la musicalité de sa voix, son ton, son engagement : elle en impose… Je me suis interrogé. Comment trouver ma place à côté de Duras, sans la court-circuiter ? Ma danse se doit d’être derrière, quelque part, parfois lointaine, même si parfois je peux prendre le dessus. Danser avec elle, c’est un peu comme une discussion. Elle parle, et c’est comme si je lui répondais chorégraphiquement ou scéniquement. Je suis seul sur scène, mais il y a l’idée d’un duo.

 

Propos recueillis par Belinda Mathieu

A propos de l'événement


L’envahissement de l’être
du jeudi 26 janvier 2023 au dimanche 29 janvier 2023
CCN de Tours
47, rue du Sergent Leclerc, 37000 Tours

Du 26 au 28  janvier à 20h, le 29 à 17h.  www.ccntours.com Tél:  02 47 36 46 00.


Micadanse, 20 rue Geoffroy l’Asnier 75004 Paris Du 9 au 11 février à 20h et le 12 février à 15h.  www.faitsdhiver.com. Dans le cadre du festival Faits d’hiver.


Également au Gymnase CDCN, Roubaix. Le 9 mars à 20h et le 10 mars à 21h. À l’Atelier Anna Weill à Poitiers le 18 mars.


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