Théâtre - Critique

Le vent se lève (Les Idiots / Irrécupérables?)

Le vent se lève (Les Idiots / Irrécupérables?) - Critique sortie Théâtre Cergy-Pontoise Théâtre 95


Théâtre 95 /Théâtre Liberté-Toulon / conception et mes David Ayala

Sur le son de tubes commerciaux, des hommes et des femmes se déhanchent et se succèdent au micro placé en bord de scène pour dire ce qui leur passe par la tête. C’est la fête à neuneu. Le déchaînement de ceux qui, dixit Guy Debord dans son film In Girum imus nocte et consominur igni (1978), « tournent en rond dans la nuit et sont consumés par le feu ». Prononcée par Christophe Labas-Lafite une fois achevée la danse initiale, cette citation du fondateur de l’Internationale situationniste place d’emblée Le Vent se lève (Les Idiots / Irrécupérables?) dans le sillage de Scanner de David Ayala. Après avoir montré dans ce spectacle créé en 2010 l’actualité de la critique du règne du spectaculaire proposée par Guy Debord, le metteur en scène s’attelle en effet à mettre en regard les différentes formes d’« idiotie » contemporaine avec la pensée critique radicale de plusieurs auteurs. Guy Debord bien sûr, mais aussi Pasolini, Sade, Philippe Muray, le Comité invisible et Edward Bond. C’est donc munis d’un corpus de textes de natures et d’époques très diverses que les treize comédiens du Vent se lève prennent à bras le corps les médiocrités de notre époque afin d’en faire surgir les lueurs d’espoir.

 

Laboratoire critique

Divisée en neuf parties ou « cercles » consacrés chacun à un type de dérive des comportements individuels ou collectifs, la pièce – on évitera le mot « spectacle » – repose sur un récit-cadre très simple : la recherche, par un groupe de révolutionnaires non identifié et un peu perdu, de moyens de résistance à l’ère du temps. À l’éloignement dans une représentation de tout ce qui était auparavant directement vécu, pour reprendre une expression du maître à penser de David Ayala, ainsi qu’à toutes les démissions et vulgarités qui en résultent. Tous co-auteurs de la pièce, les comédiens évitent grâce à cette structure non-linéaire toute forme de séduction. Planté dans un décor à mi-chemin entre le bureau de recherche et le plateau télévisé, leur théâtre est un laboratoire de pensée. Un incubateur d’intelligence critique à partir de textes et de films d’hier. Quelques fois d’aujourd’hui. Même lorsque, entre deux discussions houleuses et très référentielles en vue de l’élaboration de documents à visée subversive, ils abandonnent leur sérieux et leurs vêtements, c’est en effet pour illustrer l’« idiotie » de l’époque. Les qualités du dispositif ont cependant leurs revers. Avec cette structure assez ouverte pour accueillir tous les discours critiques, les injustices et les bêtises existantes, David Ayala et ses compagnons se laissent un peu trop aller à leur désir d’exhaustivité. Resserrée, leur périlleuse et passionnante entreprise n’en serait que plus forte.

 

Anaïs Heluin

A propos de l'événement


Le vent se lève (Les Idiots / Irrécupérables?)
du mardi 21 février 2017 au jeudi 23 février 2017
Théâtre 95
Allée du Théatre, 95021 Cergy-Pontoise Cédex 01, France

Théâtre 95, Allée du Théâtre, 95021 Cergy-Pontoise. Du 21 au 23 février 2017, à 20h30. Tel : 01 30 38 11 99. Également du 7 au 10 mars à la Manufacture CDN Nancy-Lorraine, du 29 mars au 2 avril au Théâtre 13 à Paris, du 6 au 10 juin aux Célestins à Lyon.


Le 31 janvier au Théâtre Liberté à Toulon.Téléphone : 04 98 00 56 76.


A lire aussi sur La Terrasse

  • Classique / Opéra - Agenda

Orchestre philharmonique de Radio France

Trois œuvres contrastées mais pleines [...]

Le vendredi 24 février 2017
  • Classique / Opéra - Agenda

Piotr Anderszewski

Le pianiste polonais revient à Chopin. En [...]

Le mercredi 1 mars 2017
  • Danse - Gros Plan

Flexible Silence

Avec l’Ensemble intercontemporain, Saburo [...]

Du jeudi 23 février 2017 au 3 mars 2017