Le retour de Caetano Veloso avec un groupe au grand complet

« Meu coco, c’est ce qu’il y a dans ma tête, mais c’est aussi une réflexion sur le fait que votre visage change en fonction de l’angle et de la distance. » À l’image de sa couverture où on voit le haut de sa tête se réfléchir infiniment dans un miroir, le dernier album du Bahianais, paru en 2021 après neuf ans sans opus, démontre encore une fois le singulier don de cet artiste polymorphe : une multiplicité de pistes esthétiques qui toutes sonnent comme un seul homme. Caetano Veloso donc, une voie unique dans le monde de la musique, du genre capable de sublimer les grandes heures du passé comme d’éclairer le futur, tout en étant constamment au cœur du temps présent.

Savamment populaire

Une voix surtout, qui sait varier les plaisirs, du plus ésotérique noisy à la plus romantique ballade, sans jamais rompre le charme pour celui qui pour aimer Webern n’en demeure pas moins un fervent défenseur des chansons populaires, à l’image de Sem Samba Nao Dà, une samba qu’il a écrite pour ce récent recueil. « Sans elle cet album ne serait pas tout à fait complet (…) Même quand je choisis des chemins apparemment moins “évidents”, mon amour de la chanson est toujours présent. » C’est tout cela, cet art de savoir comme trop peu manier et marier les présupposés contraires, ces manières sans maniérisme de se jouer de tous les clichés, qui fait de celui que l’on nomme d’un simple Caetano un musicien littéralement hors norme, aussi irréductible à toute tentative de définition qu’indispensable pour tout amateur de musiques au pluriel du suggestif.

Jacques Denis