Théâtre - Entretien

Le Réformateur

Le Réformateur - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l’Oeuvre


Théâtre de l’Œuvre / de Thomas Bernhard / mes André Engel

Si l’on se penche sur votre parcours, on remarque d’emblée une grande proximité, voire une prédilection, pour le théâtre de langue allemande. Comment expliquez-vous cette inclination ?

André Engel : Par le fait que j’ai enseigné la philosophie avant de faire du théâtre. Or dans cette vie-là, je me suis beaucoup intéressé à la philosophie allemande. Et l’on ne peut pas s’intéresser à la philosophie allemande sans s’intéresser à la poésie, à la dramaturgie et à la littérature allemandes. Tout cela est indissociable. Assez vite, j’ai compris que le théâtre était une façon de continuer le travail de la philosophie, mais en utilisant d’autres moyens, d’autres outils.

Ce goût pour les œuvres germanophones semble passer par une relation privilégiée avec les textes de Thomas Bernhard. Quel regard portez-vous sur cette écriture ?

A. E. : C’est une écriture que je trouve vraiment très forte, très importante. A une certaine période, comme d’autres personnes, je me suis posé une question : comment peut-on écrire du théâtre après Samuel Beckett ? J’ai trouvé la réponse à travers l’œuvre de Thomas Bernhard, en découvrant la force de sa colère et la précision de son écriture. La forme et le fond, chez lui, trouvent une correspondance extraordinaire. Son écriture est aussi acérée, aigüe, intempestive, péremptoire que ce qu’il a à dire, que la violence des propos qui l’animent. C’est formidable, ça, et c’est très rare.

« La forme et le fond, chez Thomas Bernhard, trouvent une correspondance extraordinaire. »

Vous mettez en scène, pour la troisième fois, Le Réformateur. Est-ce une recréation ou une reprise ?

A. E. : Au départ, ce devait être une reprise et puis, finalement, c’est devenu autre chose. La petitesse du plateau du Théâtre de l’Œuvre m’a amené à reconsidérer l’ensemble du spectacle pour trouver d’autres repères. Mais je ne peux pas dire que c’est une recréation, dans la mesure où je n’ai pas changé de point de vue dramaturgique. Les costumes restent également les mêmes, ainsi que le décor, dans une version réduite.

Qu’est-ce que vous inspire, fondamentalement, le personnage-titre de cette pièce ?

A. E. : C’est un véritable tyran domestique. Il est impitoyable, misogyne, hypocondriaque, d’une mauvaise foi terrible… C’est un personnage qui fascine parce qu’il est trop, parce qu’il exagère. Dans ce nouveau spectacle, j’ai essayé de gommer son caractère parfois un peu histrionesque pour lui donner une dimension un peu plus pédagogique à l’égard de sa femme, un peu moins exclusivement querelleuse. Nous n’avions pas explorée cette dimension en 2000 et 1991. Je crois qu’il y a une façon de garder l’exaspération indispensable de ce personnage tout en changeant légèrement de ton. Il faut également préciser que Natacha Régnier reprend le rôle joué, lors des précédentes versions, par Michèle Féruse. Ce changement de distribution donne aussi, évidemment, une nouvelle teinte au spectacle.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

 

A propos de l'événement


Le Réformateur
du vendredi 9 août 2024 au dimanche 11 octobre 2015
Théâtre de l’Oeuvre
55 Rue de Clichy, 75009 Paris, France

à 21h, le dimanche à 15h. Tél. : 01 44 53 88 88. www.theatredeloeuvre.fr


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