Théâtre - Critique

Le Mardi où Morty est mort

Le Mardi où Morty est mort - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l’Aquarium


Il y a beaucoup de Aaahh, de Aha, de Mm, de Bah, de Aargh, de Ooh, dans Le Mardi où Morty est mort. Beaucoup d’interjections, d’apostrophes, de répétitions, de mots lancés comme des balles de ping-pong, qui reviennent aussitôt à leur expéditeur, pour fuser de nouveau. Dans l’interview qu’il a donné à La Terrasse le mois dernier*, le metteur en scène François Rancillac explique que les pièces du jeune auteur suédois Rasmus Lindberg (né en 1980) racontent nos désarrois contemporains en alliant théâtre et univers de bande dessinée. C’est précisément ce qui apparaît lorsqu’on assiste à ce spectacle qui – après avoir été créé, en mars 2013, au Fracas – Centre dramatique national de Montluçon et de la Région Auvergne – est présenté au Théâtre de l’Aquarium. Un spectacle aux forts accents de BD, comme de dessin animé, au sein duquel les repères spatio-temporaux explosent pour faire surgir un monde à la fois hilarant et angoissé. Plusieurs fois mis en lecture depuis 2011, édité la même année par les Editions Espaces 34**, Le Mardi où Morty est mort révèle, à l’occasion de cette première mise en scène en France, une écriture d’une grande originalité.

Quand la farce se mêle à la métaphysique

Cette découverte, nous la devons à François Rancillac, artiste depuis toujours attentif aux écritures contemporaines. Il signe ici une création qui va comme un gant à la vivacité et la drôlerie de cette farce funèbre. Quel est ce monde qui s’ouvre à nous ? Celui d’un chien, Morty, qui échappe à son maître et se laisse surprendre, sur les genoux d’une vieille dame, par une balle de fusil qui le réduit en charpie. Celui d’un grand-père qui meurt, après avoir fait défiler, en quelques mots, toute la monotonie d’une vie. D’un pasteur qui se met à douter de sa vocation. D’une grand-mère, condamnée par une maladie incurable, qui fait face à un présent qui lui échappe… La majeure partie de la représentation se passe derrière une palissade, de laquelle ne dépasse que le buste des personnages. Il faut beaucoup d’inventivité et beaucoup de précision aux cinq comédiens associés au Théâtre du Fracas (Julien Bonnet, Maxime Dubreuil, Thomas Gornet, Laëtitia Le Mesle, Valérie Vivier) pour faire tourner les rouages de cette mécanique folle. Tous sont remarquables. Accoutrés à la façon de personnages de cartoon, ils nourrissent l’absurdité d’une société humaine tourmentée par les incertitudes de sa condition. On rit beaucoup de choses d’une gravité pourtant pesante. C’est là le cœur du théâtre de Rasmus Lindberg.

 

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


Le Mardi où Morty est mort
du mardi 25 mars 2014 au dimanche 13 avril 2014
Théâtre de l’Aquarium
Route du Champ de Manoeuvres, 75012 Paris, France

Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h. Durée : 55 minutes. Tél. : 01 43 74 99 61. www.theatredelaquarium.com


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