Théâtre - Critique

Le Malade Imaginaire

Le Malade Imaginaire - Critique sortie Théâtre Lyon Célestins – Théâtre de Lyon


Célestins – Théâtre de Lyon / de Molière / mes Michel Didym

Il passe son temps à maugréer, trépigner, ordonner, gémir, vitupérer contre les membres de son entourage qui l’aiment sincèrement, mais se laisse embobiner par les caresses et les déclarations patelines d’une épouse qui n’en veut qu’à son argent. Figure emblématique du théâtre de Molière, Argan fait peser sur l’ensemble de sa maison les angoisses de mort qui l’obsèdent et le torturent au quotidien. De saignées en lavements, de lavements en purgations et en clystères, c’est aujourd’hui le grand André Marcon qui incarne ce souffrant chronique pourtant en parfaite santé. Et sa performance est exemplaire. Pivot de la représentation mise en scène par le directeur du Centre dramatique national de Nancy, le comédien compose un personnage à la fois grotesque et dense autour duquel tourne un monde qui flirte avec l’absurde. Fille (Jeanne Lepers), domestique (Norah Krief, en alternance avec Agnès Sourdillon), épouse (Catherine Matisse), frère (Jean-Claude Durand), médecin (Jean-Marie Frin), prétendants au rang de gendre (Barthélémy Meridjen et Bruno Ricci)… : tous se plient, pour notre plus grand plaisir, aux bouffées délirantes de l’hypocondriaque.

Toutes les inflexions de la comédie

Fervent défenseur, depuis ses débuts de metteur en scène au milieu des années 1980, du théâtre contemporain, Michel Didym (qui a créé le festival La Mousson d’été en 1995 et la Maison Européenne des Ecritures Contemporaines en 2001) fait aujourd’hui une incursion remarquée dans le champ du théâtre de répertoire. D’un classicisme assumé, son Malade Imaginaire investit avec bonheur toutes les inflexions de la comédie, évitant au passage le piège des effets d’actualisation volontaristes. On rit beaucoup devant les extravagances et les excès enfantins d’André Marcon, devant les scènes de farce décomplexée auxquelles donnent corps les interprètes de cette distribution de haut niveau. Dans l’espace ouvert imaginé par le scénographe Jacques Gabel (les lumières sont de Joël Hourbeigt, les costumes d’Anne Autran), ces remarquables acteurs et actrices dessinent les pleins et les creux d’un spectacle à la fois libre et rigoureux. Tout en rondeur, tout en fluidité, ce Malade Imaginaire fait mouche.

Manuel Piolat Soleymat

 

A propos de l'événement


Le Malade Imaginaire
du mardi 31 mars 2015 au vendredi 10 avril 2015
Célestins – Théâtre de Lyon
4 Rue Charles Dullin, 69002 Lyon, France

Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h. Spectacle vu au Théâtre national de Strasbourg. Durée : 2h05. Tél. : 04 72 77 40 00. www.celestins-lyon.org


 


Egalement du 14 au 17 avril 2015 à la Comédie de Béthune, du 21 au 24 avril à la Scène nationale du Havre, les 28 et 29 avril à la Scène nationale de Quimper, les 5 et 6 mai à la Scène nationale de Perpignan, les 12 et 13 mai à la Scène nationale de Tarbes, du 19 au 23 mai à la Maison des Arts de Créteil, du 26 mai au 6 juin au Théâtre national de Bretagne, du 5 au 7 octobre à la Scène nationale de Chambéry, du 13 au 17 octobre au Théâtre du Gymnase à Marseille, du 9 au 13 novembre au Théâtre Montansier à Versailles.


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