Théâtre - Critique

Le Journal intime de Benjamin Lorca

Le Journal intime de Benjamin Lorca - Critique sortie Théâtre Paris Le Monfort


Le Monfort Théâtre / d’Arnaud Cathrine / mes Ninon Brétécher

A main droite de l’espace scénique : un batteur (David Grebil). A main gauche : un bassiste et claviériste (Vincent Artaud), ainsi qu’un micro sur pied que rejoindra, à diverses reprises, la comédienne (et pour l’occasion chanteuse) Nathalie Richard. Au centre : un grand lit noir entouré de trois rangées de chaises, lieu symbolique d’une veillée mortuaire sans corps et sans assistance. Le disparu, c’est Benjamin Lorca, un écrivain ayant mis fin à ses jours. Son ex-compagne, une icône du rock, et son jeune frère (Arnaud Cathrine) reviennent tour à tour sur sa personnalité et certains éléments de son existence. Manifestations de douleur, réflexions sur le deuil, interrogations sur l’homme secret qu’était le frère et le compagnon décédé, considérations sur ce qu’implique le fait de vivre dans l’entourage d’un écrivain : le spectacle mis en scène par Ninon Brétécher joue le jeu des confessions intimes et de l’introspection. Au sein d’une atmosphère sépulcrale ponctuellement déchirée par les notes et les cris de chansons survoltées, Le Journal intime de Benjamin Lorca file à vitesse grand V.

Une proposition décharnée

En à peine plus d’une heure, tout sera dit et fait. Et ce « tout » est assez peu de chose. Trop peu de choses au regard de l’univers auquel donne naissance le roman d’Arnaud Cathrine. Cette adaptation scénique (cosignée par l’auteur et la metteure en scène) ne retrouve en effet pas le charme et la vitalité de l’œuvre originelle. Réduite à deux personnages (le roman en compte quatre), cette proposition décharnée tourne autour d’images et de propos souvent à la limite du stéréotype. Comme si Ninon Brétécher et Arnaud Cathrine avaient brisé, en l’amputant aussi radicalement, la colonne vertébrale de ce portrait en forme de kaléidoscope. Pourtant, de belles choses parviennent à pointer dans cette création. Les films muets en noir et blanc de Jean-Charles Fitoussi constituent de formidables contrepoints au théâtre. Et face à un Arnaud Cathrine sans grande profondeur de jeu, Nathalie Richard se lance, elle, dans les tumultes de son personnage avec la force et la virtuosité qu’on lui connaît. Mais cela ne suffit pas. Car ces réussites n’estompent jamais totalement l’impression de vague inconsistance planant sur la représentation au sein de laquelle elles s’inscrivent.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


Le Journal intime de Benjamin Lorca
du jeudi 16 mai 2013 au dimanche 26 mai 2013
Le Monfort
106, rue Brancion, 75015 Paris.
Le Monfort Théâtre, Parc Georges-Brassens, 106, rue Brancion, 75015 Paris. Du 16 au 19 mai et du 22 au 26 mai 2013. Du mercredi au samedi à 19h, le dimanche à 16h. Spectacle vu au Centquatre. Durée de la représentation : 1h05. Tél. : 01 56 08 33 88. www.lemonfort.fr Texte édité aux Editions Verticales (2010).

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