Le jeu de l’amour et du hasard

Ecrite en 1730, la pièce n’a rien perdu de son plaisir jubilatoire pour les acteurs, au fil de piquants et toujours savoureux jeux de rôles. La langue et les corps y composent un étonnant ballet, qui, s’il n’est plus vraiment d’actualité d’un point de vue social, a en tout cas gardé toute sa fraîcheur et sa pertinence quand il dessine le portrait d’une jeunesse en quête d’épanouissement personnel. Car ce qui est à l’œuvre, c’est la recherche du bonheur individuel au coeur de puissants impératifs sociaux, la lutte entre l’amour et les préjugés, entre le désir et le poids des conventions, tandis que les pères font ici preuve d’une ouverture d’esprit assez remarquable. Bref rappel de l’intrigue : Silvia accueille son prétendant Dorante, et afin de l’examiner à loisir, emprunte avec l’accord de son père l’identité de sa soubrette Lisette, qui elle emprunte celle de sa maîtresse. Et Dorante a la même idée, devenant son valet Arlequin tandis que celui-ci parade sous les traits de son maître. Un jeu risqué et une langue servant à masquer plus qu’à se mettre à nu. Mais le cœur finalement voit juste et… se conforme à l’étiquette, et Silvia est bien vite troublée par Arlequin, lui même troublé par Lisette, tandis que Dorante et Silvia s’apprécient ! La jeune troupe du théâtre de l’Echange mène la pièce tambour battant, dans une scénographie minimale, modernisant la scène inaugurale entre Lisette et Silvia en les installant dans une salle de bains.

Agnès Santi

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Le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, mise en scène Erika Vandelet, du 17 septembre au 18 octobre au Théâtre Douze-Maurice Ravel, 6 av Maurice Ravel, 75012 Paris. Tél : 01 44 75 60 31.