Amrita Hepi et Mish Grigor explorent les débuts de la vie et de la danse dans « Rinse ».
Célébrant la danse comme lieu de mémoire et [...]
Le Petit traité de toutes vérités sur l’existence est une adaptation à la scène d’un texte du même nom écrit par Fred Vargas. Olivier Barrère met en place un dispositif qui fait briller l’interprétation loufoque de l’épatante Sylvie Espérance. Un seule-en-scène malin et surprenant.
De Fred Vargas on connaît surtout les polars, mais l’autrice ne manque ni d’idées ni de mots pour les exprimer, et elle a couché sur le papier quelques paraboles un peu folles sur l’existence, qui en éclairent quelques principes sous un jour passablement farfelu. Un traité qui se veut définitif, livré en direct par le personnage, grâce auquel on apprend la bonne façon d’attendre un bus, ou on tire d’utiles enseignements de la posture du lion face à la Vie, ou encore on comprend le rapport fondamental qu’il existe entre le fait d’uriner contre un arbre et le fait de faire la guerre. Le personnage que campe Sylvie Espérance est une machine à produire des principes appuyés sur des démonstrations approximatives mais hilarantes, lancée dans une entreprise de décryptage du monde dont personne ne l’a chargée, et qui s’adresse sans doute à elle-même au moins autant qu’au public. Le caractère fantasque de ses élucubrations fait toujours au moins sourire, voire provoque des rires francs de l’assistance : sa comparaison entre mariage et union libre, stabilité contre instabilité, qui mènent finalement au même délitement du sentiment amoureux, est un petit bijou.
Une entreprise solitaire et absurde au prisme d’un humour pince-sans-rire tout en finesse
Sylvie Espérance tient magnifiquement ce personnage sympathique autant qu’emphatique, le comique pince-sans-rire, le texte absurde dont la langue tantôt imite le philosophe pédant tantôt plonge dans un registre familier à souhait. Elle cherche les regards dans l’assistance, ne se démonte pas, joue excellemment l’affaissement progressif de ce personnage dont on sent qu’elle fait des phrases pour ne pas s’effondrer. De fantasque, elle devient ainsi presque pathétique, une femme qui semble bien seule et finalement bien perdue. La scénographie fait écho à ce désordre : sous les feux de trois projecteurs à réflecteur doré qui diffusent une lumière chaude, une estrade est dressée sur laquelle seront disposés d’intrigants bricolages ou des objets hétéroclites à valeur métaphorique, selon les besoins de la démonstration. Sans une note de musique ni un effet sonore, toute l’attention se resserre sur le texte, sur ce qu’il dit comme sur ce qu’il ne dit pas, la présence d’indications sur un monde hors-champ pouvant indiquer que ce huis-clos se prête aussi à une analyse métathéâtrale : un discours qui prétend expliquer le monde tout en étant coupé de lui n’est-il pas condamné à n’être rien d’autre que risible ?
Mathieu Dochtermann
à 21h30. Relâches les mercredis & jeudis. Durée 1h10. Tél. : 04 90 86 17 12.
Célébrant la danse comme lieu de mémoire et [...]
Spectacle soutenu par la région [...]