Le destin moyen d’un mec fabuleux de Laurent Madiot

Cultivant un look de savant fou croisé avec Pierrot la Lune ou James Bond, Laurent Madiot est une plume et un interprète dont l’humour désarçonnant est un état de fait, d’armes et d’âme. Seul ou bien entouré, sur scène ou dans l’ombre depuis 2 ou 3 décennies, il est notamment l’un des auteurs émérites des Fouteurs de Joie. Le titre est une formule trouvaille qui en dit long : le « mec fabuleux » est un anti-héros tellement passionné par les colleurs d’affiche qu’il habite dans le métro. Son aventure commence comme un conte urbain absurde qu’un coup de foudre va transformer en road trip.

Drôle de héros

Dans une mise en scène d’Aude Léger avec qui Madiot avait déjà collaboré pour La Tête de l’Emploi d’Antoine Sahler, le spectacle est une mise en abîme où on ne sait plus si Madiot est narrateur, auteur, interprète en plein transfert ou héros. L’artiste joue de beaucoup d’instruments, chante, raconte, tournant autour d’une boîte semi transparente qui tient lieu de décor énigmatique, de cachette, de coulisses, de lumière. Il interpelle le public, qui devient confident, témoin, confesseur, souffre-douleur, voyeur. Madiot impose des minutes d’ennui volontaire, de larmes forcées, de danse mal dansée, de confessions adorablement gênantes, de moments de grâce, de clairvoyance et de ridicule, de souvenirs émouvants et de transformation intime. Jouant sur la tendresse que peuvent nous inspirer le saugrenu et l’innocence, Madiot en profite pour nous interpeller sur notre société, renversant les points de vue sur la normalité, déstructurant le récit pour nous forcer à faire un pas de côté.

Vanessa Fara