Théâtre - Critique

L’Avare

L’Avare - Critique sortie Théâtre


Un escalier de pierre monumental desservant l’intérieur d’un hôtel du XVIIe siècle, des costumes d’époque, six coups frappés avant le lever de rideau (historiquement, trois valaient pour la troupe de l’Hôtel de Bourgogne, trois pour celle de Molière) : c’est à travers un cadre des plus traditionnels que Catherine Hiegel (qui est, depuis mai 2008, Doyen des Comédiens-Français) présente, Salle Richelieu, une nouvelle mise en scène de L’Avare de Molière. Un cadre qui pourrait faire craindre une représentation empesée, cérémonieuse, mais qui participe, en fait, à une très belle réussite. Car, à l’intérieur de cette esthétique sans surprise, se joue un formidable ballet d’acteurs. Ils sont dix sur scène (accompagnés de quatre élèves comédiens prenant part au programme de professionnalisation inauguré, cette année, par Muriel Mayette). Dix à investir les mouvements et les inflexions d’une pièce qui, pour être l’une des plus connues du répertoire, continue à surprendre et captiver. On n’a jamais fini de sonder les grands textes. On n’a jamais fini d’en redécouvrir telle réplique, tel aspect de personnage, telle perspective dramaturgique.

L’art d’un grand Denis Podalydès
 
Construit autour de la présence d’un Denis Podalydès au sommet de son art, le spectacle créé par Catherine Hiegel permet toutes ces redécouvertes. D’une intelligence et d’une précision étonnantes, l’interprète d’Harpagon s’impose dans une composition en tout point admirable. Exigeant, délicat, à la fois concret et retenu, Denis Podalydès fait preuve d’une intériorité sans faille, travaille en creux pour maîtriser au millimètre l’avancée de son personnage. Loin des noirceurs exacerbées, loin des complaisances burlesques, il confère une grande fluidité, une grande profondeur à la représentation. Mais la réussite de cette nouvelle version de L’Avare ne se limite pas à cette seule performance. Aux côtés de l’acteur, Dominique Constanza, Christian Blanc, Jérôme Pouly, Pierre Louis-Calixte, Serge Bagdassarian, Marie-Sophie Ferdane, Stéphane Varupenne, Benjamin Jungers et Suliane Brahim (la jeune comédienne fait son entrée au Français) n’ont rien de faire-valoir. Il est d’ailleurs assez enthousiasmant de voir la jeune génération s’illustrer de si belle façon auprès de ses aînés. Révélant des qualités rares, Stéphane Varupenne et Benjamin Jungers contribuent ainsi à soutenir l’idée d’une troupe qui ne cesse de se régénérer, d’une troupe ancrée dans le présent et dans l’avenir.
 
Manuel Piolat Soleymat

L’Avare, de Molière ; mise en scène de Catherine Hiegel. En alternance du 19 septembre 2009 au 21 février 2010. Matinées à 14h00, soirées à 20h30. Renseignements et location au 0825 10 16 80 (0,15 € TTC la minute) ou sur www.comedie-francaise.fr.

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