Classique / Opéra - Agenda

Lady Sarashina

Lady Sarashina - Critique sortie Classique / Opéra


Depuis 1998 et la création de Trois Sœurs à l’Opéra de Lyon, l’œuvre de Peter Eötvös se tourne de plus en plus vers le lyrique. Le compositeur et chef d’orchestre a en effet livré plusieurs ouvrages d’importance, comme Le Balcon d’après Jean Genet (créé en 2002 au Festival d’Aix-en-Provence) ou Angels in America adapté de la pièce de Tony Kushner (créé au Théâtre du Châtelet en 2004). En 2008, deux nouvelles créations ont vu le jour : De l’amour et autres démons d’après Gabriel Garcia-Marquez au Festival de Glyndebourne et Lady Sarashina, nouvelle commande de l’Opéra de Lyon. Dans ce cinquième opéra composé en l’espace de dix ans, Peter Eötvös redonne, comme dans Trois Sœurs, une voix prépondérante aux personnages féminins.
 
Un nô lyrique moderne
 
Il s’inspire ici du Journal de Sarashina, l’un des grands classiques de la littérature japonaise, journal poétique du xie siècle consigné par l’auteure de sa dixième à sa cinquante-deuxième année. Peter Eötvös, avec son épouse et librettiste Mari Mezei, en a fait une sorte de nô lyrique moderne, marchant en cela sur les traces de ces compositeurs qui au xxe siècle ont été saisis par la beauté de la littérature et du théâtre du pays du Soleil levant, tels Stravinsky et plus encore Britten. C’est de ce dernier, en particulier de sa « parabole d’église » La Rivière aux courlis, adaptée d’une pièce du théâtre nô, que l’opéra de Peter Eötvös semble le plus pouvoir être rapproché, en un lyrisme à la fois très proche de la vie quotidienne et très abstrait et poétique – il suit en cela exactement l’esprit du texte de Sarashina. Le chorégraphe Ushio Amagatsu, qui avait signé la mise en scène de Trois Sœurs lors de sa création, s’est chargé de trouver cet équilibre, par une économie de geste, une abstraction forte de sens, ne laissant paraître de mouvement sur le décor que celui du cercle lunaire, l’astre auquel Sarashina se confie tout au long des poèmes qui parsèment son journal. Mary Plazas, qui reprend le rôle-titre à Mireille Delunsch, est accompagnée par un trio vocal (Peter Bording, Ilse Eerens, Salomé Kammer) et par l’Orchestre de l’Opéra de Lyon dirigé par le compositeur pour la première représentation puis par le jeune Alejo Perez.

Jean-Guillaume Lebrun

Samedi 14, mardi 17 et mercredi 18 février à 20h à l’Opéra Comique. Tél. 08 25 01 01 23. Places : 6 à 100 €.

A propos de l'événement




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