La création du « Silo » s’inscrit dans une recherche de scénographies singulières que vous menez depuis les débuts de votre compagnie Les Choses de rien, il y a plus de quinze ans. Dans quel but ?
Boris Gibé : Dès 2006 en effet, nous avons construit un premier chapiteau atypique sous forme de phare. Cela afin de placer l’architecture du spectacle loin de l’imaginaire du cirque, de déjouer les attentes. Et surtout, pour proposer au spectateur une expérience immersive, qui pose la question de l’espace. Le Silo répond aux mêmes besoins. Il mêle les plaisirs de la piste – pour moi, écrire pour le circulaire est ce qu’il y a de plus passionnant – et ceux de la salle – la magie de la boite noire.
Ce travail sur l’espace est indissociable chez vous d’une réflexion métaphysique. Quelle est-elle dans L’Absolu ?
B.G. : À travers la figure d’homme qui ne cesse de tomber et d’escalader que j’incarne dans cette pièce, j’ai voulu dire l’engluement, le conditionnement humain. Et aborder aussi notre tentation à la fois de s’y complaire et d’y résister. En conflit avec lui-même, le personnage de L’Absolu se confronte à la mort, il questionne son narcissisme, et en se faisant son propre procès il réveille de vieux mythes.
En parlant de ce spectacle, vous évoquez souvent l’univers d’Andreï Tarkovski. En quoi a-t-il inspiré la création de votre homme qui évolue dans un « Silo » ?
B.G. : Au moment de créer L’Absolu, je lisais Le Temps Scellé, où le réalisateur russe explique la quête qui est la sienne de film en film. Une quête mystique qui l’empêche de dormir la nuit. Plus que des scénarios de ses films, c’est de ce texte que je me suis nourri pour construire mon personnage, et structurer sa chorégraphie aérienne, ainsi que son rapport singulier aux quatre éléments.
Comment définiriez-vous cette relation aux éléments ?
B.G. : Je ne vois pas L’Absolu comme un solo, mais comme une composition dans laquelle la figure centrale développe des relations avec des choses diverses. Avec le Silo bien sûr, ainsi qu’avec l’air, l’eau, le feu qui sont réellement présents dans l’espace scénique, car je ne voulais avoir recours à aucun truquage. Le sol est aussi un partenaire de jeu important. Composé de milliers de billes de carbone expansé, il aspire le protagoniste, qui tantôt lutte, tantôt se laisse faire.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
Résas : 01 30 96 99 00 / theatresqy.org
mar., mer., ven. à 20h30 / jeu. à 19h30 / sam. à 18h
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