Théâtre - Entretien

L’Absence de guerre d’Aurélie Van Den Daele

L’Absence de guerre d’Aurélie Van Den Daele - Critique sortie Théâtre Paris theatre de l'aquarium


Théâtre de l’Aquarium / de David Hare / mes Aurélie Van Den Daele

L’Absence de guerre s’inspire de la vie politique britannique du début des années 1990. Comment est née cette pièce ?

Aurélie Van Den Daele : David Hare est un auteur qui travaille souvent sur la frontière entre le réel et la fiction. Il a écrit L’Absence de guerre en 1993, après avoir suivi Neil Kinnock, le chef du parti travailliste de l’époque, lors d’une campagne électorale. David Hare est donc entré dans les arcanes de son équipe de campagne et a imaginé, à partir de ce dont il a été témoin, une pièce de fiction. Cette pièce aurait dû être le récit d’un couronnement, puisque le parti travailliste était donné gagnant dans les sondages, mais elle s’est finalement révélée être le récit d’une chute.

On entre donc dans cette campagne comme dans une sorte de thriller…

A. V. D. D. : Oui, car L’Absence de guerre est une pièce construite à partir d’un procédé de suspens assez cinématographique. On suit, pas à pas, le parcours de ce leader qui a l’air d’être quelqu’un de pur, de vouloir contribuer à une forme de vérité, d’idéal… De plus, il s’agit d’un homme qui aime beaucoup le théâtre. C’est une possibilité pour lui d’échapper à une réalité biaisée, une réalité faite de chiffres, d’analyses, de données statistiques… Il exprime, à travers sa passion pour le théâtre, un désir de fiction, d’exaltation, une soif d’absolu.

« L’Absence de guerre est une fable sur les sphères de la politique et sur les êtres humains qui les incarnent. »

Comment traitez-vous cette dimension, que vous qualifiez de shakespearienne, dans votre mise en scène ?

A. V. D. D. : A travers des décrochés, des espaces mentaux qui correspondent à un inconscient collectif que ce leader politique cultive. Cet inconscient renvoie à de grandes figures de pouvoir comme Jules César ou Coriolan…

Vous créez L’Absence de guerre après avoir mis en scène Angels in America*, pièce de Tony Kushner qui porte un regard sur l’Amérique des années 1980. Quel sens donnez-vous au lien que vous établissez, de spectacle en spectacle, entre théâtre et histoire ?

A. V. D. D. : Ce lien est l’une des choses fondatrices de notre compagnie, le DEUG DOEN GROUP, sans pour cela chercher à faire un théâtre historique. J’aime me replonger dans des événements qui ont marqué l’histoire, parce qu’ils permettent une mise en perspective de notre présent. A travers cette pièce, j’ai eu envie de m’interroger sur l’évolution du monde politique depuis une trentaine d’années, sur la façon dont ce monde est tombé dans l’hyper-communication, dans la folie des sondages, dans le règne des phrases choc, de l’image au mépris des idées, du storytellingL’Absence de guerre est une fable sur les sphères de la politique et sur les êtres humains qui les incarnent. Une fable qui résonne de manière extrêmement forte avec ce que nous vivons aujourd’hui.

* Critique dans La Terrasse n° 238, décembre 2015.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


L’Absence de guerre d’Aurélie Van Den Daele
du mardi 8 janvier 2019 au dimanche 3 février 2019
theatre de l'aquarium
Cartoucherie de Vincennes, Route du Champ de manœuvre, 75012 Paris

Du mardi au samedi à 20 h, le dimanche à 16 h. Tél. : 01 43 74 99 61. www.theatredelaquarium.net


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