La Voix Est Libre, avec Alain Damasio, Philippe Katerine, Casey…

« Avec les vivants, les furtifs, les co-errants et les impro-ductifs, les rires contagieux et la joie virale, les contre-vents et les sans-voix, les bals démasqués et les corps en embuscade, les sauve-qui-peut, les solos de bactérie, les respiractants, les corps sous hyper-fusion, les dissections de cuivres et de cordes à sauter. » Fidèle à sa rhétorique qui entend bien casser les briques des murs qui isolent et dressent les uns face aux autres, le rendez-vous poétique et citoyen propose sur trois jours des pistes de réflexion pour bâtir des lendemains qui swinguent autrement. Alain Damasio en ouverture de ban – entouré par une équipe de musiciens au diapason – et Philippe Katerine – en duo avec son fidèle partenaire, le guitariste Philippe Eveno – en fermeture de bal, le casting incline toujours autant à l’interdisciplinarité non disciplinée.

Chants libres et maux dits

 Le fil conducteur demeure la voix, libre de voguer où bon lui chante. Parmi ces voies à suivre, on indiquera sans plus attendre celle de Casey, timbre rauque et colère noire appuyée par Marc Sens, Manusound et Sonny Troupé, qui entend remettre les pendules à la bonne heure du déconfinement de la pensée. Mais aussi celle de Ann O’Aro, dont les singulières complaintes nourries de sa propre expérience résonnent dans le chaos d’un monde qui ne peut plus se taire d’avoir tant souffert. Deux chants libérés, qui explorent les maux de notre société, deux paroles fortes qui portent au plus haut le message de ce raout qui déclare que la voix doit vibrer.

Jacques Denis