La voix est libre

Dès son baptême en 2002, entre les deux tours des élections présidentielles qui allaient opposer Chirac et Le Pen, le destin de festival politique de « La voix est libre » semblait écrit. Quinze ans plus tard, Blaise Merlin inscrit la programmation de la quatorzième édition d’une manifestation qu’il a d’emblée conçue comme « une ode à la liberté de créer, de penser et de s’émerveiller » dans l’électrique contexte politique de ce printemps. « Comme en 2007, nous encadrons le second tour des élections présidentielles par des veillées élect’orales, fronts poétiliques, agoras phoniques, luttopistes de danse et autres rencontres du 3ème tour ! » confie-t-il. La programmation passionnément plurielle accueille des artistes du monde entier aux « expressions vivantes, vibrantes et respirantes d’un art sensible au chaos du monde »  comme le poète soudanais Moneim Rahma, les syriennes Rana Zeid, Noma Omran et Hala Mohamed, le chanteur égyptien Abdullah Miniawy, icône de la révolution égyptienne, la danseuse et chorégraphe Kaori Ito, le clown punk Ludor Citrik mais aussi des artistes plus familiers des scènes françaises, mais à la fièvre improvisatrice et poétique intacte : D’ de Kabal, Jacques Bonnaffé, Erik Truffaz, Naïssam Jalal, Elise Caron, Médéric Collignon, Magic Malik, André Minvielle, Denis Lavant, Arthur H, Fantazio, Jacques Rebotier, Franck Lepage… Ils donneront vie à un festival différent et « indéférent », où l’on vient pour partager intensément – au milieu d’un public réactif, sincère, comme à l’unisson du plateau – une expérience scénique différente où la programmation s’écrit dans un flux fiévreux de rencontres, d’impromptus et de créations. Immanquable, une fois encore.

J.-L. Caradec