Avignon - Entretien

La Trilogie des Contes Immoraux (pour Europe) de Phia Ménard

La Trilogie des Contes Immoraux (pour Europe) de Phia Ménard - Critique sortie Avignon / 2021 Avignon


Opéra Confluence / Écriture, scénographie et mes Phia Ménard

Quel a été le point de départ, en 2017, de cette Trilogie des Contes Immoraux (pour Europe) ?

Phia Ménard : Une commande de l’exposition quinquennale d’art contemporain documenta 14 de Kassel qui consistait à mener une réflexion autour de deux sujets : Apprendre d’Athènes et Pour un Parlement des Corps. Suite à cette commande, j’ai imaginé une série de contes qui donnaient le point de vue de la Française que je suis, européenne convaincue, sur la société européenne néolibérale dans laquelle nous vivons.

Vous avez donc écrit Maison Mère, premier volet de cette trilogie créé en 2017…

P.M. : Oui. Ce premier tableau mettait en jeu la représentation de l’architecture et du pouvoir à travers divers rituels. Maison Mère est un récit métaphorique au sein duquel un monde se construit avec peine et lenteur. Une femme aux allures de guerrière punk érige une reproduction du Parthénon d’Athènes à l’échelle 1/10. Soumis à des éléments climatiques incontrôlables, ce bâtiment en carton finit par s’effondrer et se transforme en ruine fantomatique. Je devais créer les deux autres contes lors de la documenta 14, mais les organisateurs de l’exposition ayant réduit les moyens alloués à chaque artiste, j’ai dû m’en tenir à Maison Mère.

« De tableau en tableau, cette trilogie est un parcours pour le corps du spectateur. »

Que mettent en jeu les deux autres tableaux de votre trilogie ?

P.M. : Temple Père raconte, à travers une forme de sadomasochisme, une relation à ce que l’on pourrait appeler la nécropolitique, comme le définit Achille Mbembe, c’est-à-dire une société néolibérale qui considère qu’il est normal que certaines personnes vivent pendant que d’autres sont condamnées à mourir. Dans Temple Père, quatre esclaves construisent une tour de huit mètres de haut qui, comme un château de cartes, menace en permanence de s’écrouler.

Quant à La Rencontre Interdite, elle vient questionner l’espace même du théâtre…

P.M. : C’est ça. Cette troisième architecture s’empare de la salle. Le spectateur, sans bouger de son siège, devient le protagoniste principal du conte qui est à l’œuvre. De tableau en tableau, cette trilogie est un parcours pour le corps du spectateur, une sorte d’épreuve où il vit, à chaque étape du conte, différentes situations. Il peut être amené à regarder, à sentir… Et puis, à un moment, il devient l’objet central de la représentation. Ce qui, finalement, est une occasion de se retrouver face à lui-même.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement


La Trilogie des Contes Immoraux (pour Europe)
du lundi 19 juillet 2021 au dimanche 25 juillet 2021

Festival d’Avignon. Opéra Confluence

à 17H. Relâche le 22 juillet. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 3h.


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