Théâtre - Critique

La meilleure part des hommes

La meilleure part des hommes - Critique sortie Théâtre


Val, Doumé, Willie et Leibo… Une femme et trois hommes, emblématiques du basculement idéologique de la décennie 80. C’est Valentine qui raconte. Son amitié avec Dominique Rossi, journaliste à Libé, ex-militant d’extrême-gauche, homosexuel frappé par le Sida et bientôt activiste-fondateur d’une association offensive, Stand-up. Sa rencontre avec William Miller, gamin en rupture désordonnée venu d’Amiens, devenu écrivain sulfureux et provocateur excentrique sur les plateaux télé, homo adepte tapageur du « bareback ». Sa liaison avec Jean-Michel Leibowitz, intellectuel médiatique, marié, gauchiste virant réactionnaire. Elle raconte aussi son parcours, d’étudiante à rédactrice en chef de Libé, célibataire et amante. De l’élection de Mitterrand à la chute du mur de Berlin, se nouent et se dénouent leurs complicités, leurs amours qui tournent à la haine ou à la tendresse, leurs trahisons et leurs revirements. S’inscrivent au creux de ces années le délitement des espoirs collectifs, les renoncements politiques, le consensus et l’économisme généralisé, sous des atours de fête et de grand spectacle célébrant la modernité et la liberté.

Chronique d’une génération

« “Les années 80 furent horribles pour toute forme d’esprit ou de culture, exception faite des médias télévisuels, du libéralisme économique et de l’homosexualité occidentale. » tranchait d’une sentence sèche Tristan Garcia dans La meilleure part des hommes, roman paru en 2008. L’adaptation que signe Pauline Bureau s’attache sans doute trop à la chronique des faits et néglige le dessin des personnages comme la qualité des dialogues, d’une platitude qui les tirent en clichés. Ponctués d’extraits vidéos piqués dans les archives télévisées et soutenus par la musique rock, les tableaux s’enchaînent sur le mode cinématographique, comme autant de brèves séquences coupées net. L’habileté de la mise en scène, qui maîtrise bien l’espace, le jeu des acteurs, convaincants quand ils ne caricaturent pas, font passer le temps d’une pièce qui certes émeut parfois mais effleure ses sujets et semble hésiter entre la fresque sociale, le théâtre documentaire et le drame sentimental.

Gwénola David


La meilleure part des hommes, d’après Tristan Garcia, adaptation et mise en scène de Pauline Bureau. Jusqu’au 7 avril 2012, à 20h, sauf dimanche 16h, relâche lundi. Théâtre de la Tempête, Cartoucherie, route du Champ de manœuvre, 75012 Paris. Tél. : 01 43 28 36 36 et www.tempete.fr. Durée : 2h15.

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