La Mate

Si l’enfance façonne les esprits et les imaginaires, elle nourrit aussi intensément les œuvres littéraires. Flore Lefebvre des Noëttes se souvient et par l’écriture donne vie à toutes sortes de tableaux qui émergent du passé avec force et précision. C’est à la mort de sa mère qu’elle a décidé de peindre ainsi ses souvenirs, de reconstruire son histoire comme « une  fable comique brossée à la Honoré Daumier », de composer un portrait  épique et lyrique d’une famille singulière des années soixante. Une famille constituée par la “Mate“ et le “Pate“, une Mère Courage du XXème siècle et un père militaire maniaco-dépressif, et leur dizaine d’enfants, dont quelques-uns d’un premier mariage du père. Evocateurs, énergiques, virevoltants et truculents, les mots saisissent toute l’énergie et la force comique de la vie, malgré les difficultés. Et cette profonde sincérité n’esquive rien du réel : au contraire, la sublimation par les mots et l’interprétation souligne son caractère drolatique, parfois absurde ou outrancier. « Le fait de réécrire cette histoire créait du lien avec moi-même, me rendait légère » confie Flore Lefebvre des Noëttes. Et cette reconstruction permet aussi à chaque spectateur d’interroger sa mémoire et sa propre histoire…

Agnès Santi