Avignon - Entretien / Christophe Malavoy

La Légende du Saint-Buveur de Joseph Roth, mis en scène par Christophe Malavoy



Théâtre du Chêne noir / texte de Joseph Roth / mes Christophe Malavoy

Quand et comment avez-vous découvert La Légende du Saint-Buveur ?

Christophe Malavoy : Il y a longtemps, j’avais été très séduit par l’écriture de Joseph Roth, par cet auteur qui est un peu moins connu que Stefan Zweig mais qui, dans la même veine, explore la nature humaine avec sa fragilité, sa complexité, en plus d’une dimension charnelle et poétique. En retombant sur ce texte il y a deux ans, j’ai eu le sentiment que l’auteur venait à ma rencontre au bon moment.

Pourquoi était-ce le bon moment ?

Ch. M. :  Il y a un peu tout ce que j’aime dans cette œuvre-là. Comme mon spectacle est un seul en scène, j’ai voulu le construire sur mesure. Je joue d’un instrument, je chante, j’interprète un texte, je le mets en scène, je le produis : cela me permet d’exprimer ma poésie. J’ai toujours été très attiré par la poésie des années 40 ou 50, par des cinéastes comme Fellini, Fassbinder, Wenders, Scola, Buñuel, des artistes qui m’ont fait rêver et ont intégré la poésie dans leur écriture. J’aime aussi les grands comiques et il y a dans cette œuvre de Roth beaucoup de fantaisie. Il s’agit néanmoins d’un drame car cela raconte la vie d’un sans-abri : un sujet d’une actualité criante. C’est important de porter son regard sur cette réalité. Quand j’ai relu le livre, toutes ces choses me sont apparues très clairement. Et puis Andreas est un personnage qui a la grâce. Il n’y a pas beaucoup de personnages comme cela, il me touche beaucoup.

« Ce spectacle me permet d’exprimer ma poésie. »

Voyez-vous ce texte comme une allégorie ?

Ch. M. :  Ce texte rejoint un peu ce que je pense de la vie : on croit choisir nos vies mais nous sommes dirigés. Nous avons un passé, des parents, des grands-parents, une histoire qui secrètement nous travaille et nous pousse dans un sens ou dans un autre.

Reste-t-il quand même une part de libre-arbitre ?

Ch. M. : Oui mais la partie immergée est plus importante. On n’est pas aussi libres qu’on veut le croire.

La musique tient une place importante dans votre spectacle.

Ch. M. : Elle fait partie de ma vie. J’ai commencé le violoncelle à 23 ans puis le théâtre a pris le pas sur la musique, même si j’ai toujours pratiqué le piano en autodidacte et ai interprété un premier violon dans La Femme de ma vie, un guitariste dans Péril en la demeure et chanté dans Souvenirs, souvenirs. Un ami trompettiste de jazz, Patrick Artéro, m’avait cédé son bugle en mauvais état. Je lui avais promis de m’y mettre un jour mais il est resté chez moi des années sans que j’y touche. Cela a duré 35 ou 40 ans ! Quand j’ai relu le conte de Joseph Roth, j’y ai tout de suite associé la sonorité du bugle. Je l’ai donc fait réparer et je m’y suis mis pendant un an et demi avec un professeur. J’en joue dans le spectacle. J’adore la sonorité de cet instrument : une trompette avec des sonorités graves, qui permet au spectateur de rêver et de recevoir le texte, de finir de l’écrire en quelque sorte.

 

Entretien réalisé par Isabelle Stibbe

A propos de l'événement


La Légende du Saint-Buveur de Joseph Roth, mis en scène par Christophe Malavoy
du vendredi 5 juillet 2019 au dimanche 28 juillet 2019
Avignon Off. Théâtre du Chêne Noir
8 bis, rue Sainte-Catherine

à 18h45. Relâche les lundis 8, 15 et 22 juillet. Tél. : 04 90 86 74 87.


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