Théâtre - Entretien

L’A-Démocratie de Nicolas Lambert

L’A-Démocratie de Nicolas Lambert - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de Belleville


de et par Nicolas Lambert

Comment ce projet ambitieux est-il né ?

Nicolas Lambert : Il est né d’une colère : celle d’avoir eu à voter pour Jacques Chirac en 2002 en pensant naïvement qu’il allait remettre en question les fondements d’un système qui nous contraignait à élire un roi en installant un épouvantail en face. Il ne l’a pas fait, a mené une politique de droite en accord avec le patronat qui a remis en cause le statut des intermittents, accusés de voler l’argent des travailleurs, selon le mot du patron des patrons d’alors. J’ai décidé qu’il fallait arrêter de se cacher derrière Molière ou Shakespeare et qu’il fallait désigner frontalement, avec les mots d’aujourd’hui, les adversaires de la démocratie. Au début, je pensais faire un seul spectacle, mais j’ai mis deux ans à écrire, jouer et tourner le premier, tout en suivant tous les procès qui mettaient en cause le financement occulte des partis politiques. L’aventure a duré quinze ans !

« Il s’agit de s’attaquer à de l’impensé. »

Pourquoi ce titre, « L’A-Démocratie » ?

N.L. : Parce que les domaines qu’évoquent ces trois spectacles (l’énergie, l’armement et la défense) et leurs liens avec le financement de la vie publique sont des domaines où la démocratie n’existe pas, ou pas encore. Il s’agit d’ouvrir ces pages-là. Il s’agit de s’attaquer à de l’impensé : comment se fait-il que la France soit passé d’un territoire impérial à un petit Etat-nation en créant des structures qui continuent d’administrer en sous-main les territoires officiellement libérés de sa tutelle ? Aujourd’hui encore, les intérêts industriels français continuent d’être défendus par l’Etat et on ignore souvent que Elf a été créé pour maintenir notre présence dans les anciennes colonies. Je raconte tout cela dans le premier volet de la trilogie. Cela dit, aujourd’hui, l’inféodation a changé de sens : les multinationales ne sont plus les valets mais les maîtres de l’expression de la puissance des Etats, ce pourquoi je pense qu’il est temps de considérer ces entreprises multinationales et transnationales comme des Etats à part entière, auxquels il faut demander des comptes.

Pourquoi le dire au théâtre ?

N.L. : Parce que le théâtre est un très bon endroit pour être attentif à ce qui se dit en coupant son téléphone ! Même s’il est de plus en plus compliqué de faire du théâtre, j’espère que le public continuera d’être fidèle, de venir voir les trois spectacles et d’en parler ensemble après la représentation, comme cela se fait depuis le début de cette aventure.

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement


L’A-Démocratie de Nicolas Lambert
du lundi 7 octobre 2019 au samedi 28 décembre 2019
Théâtre de Belleville
94, rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris

Du mercredi au samedi à 21h15 ; relâche le 16 novembre. Tél. : 01 48 06 72 34. Volet #1 - Bleu : Elf, la Pompe Afrique, en octobre le lundi, en novembre et en décembre le jeudi. 
Volet #2 - Blanc : Avenir Radieux, une fission française, en octobre le mardi, en novembre et en décembre le vendredi. Volet #3 - Rouge : Le Maniement des larmes, en octobre le mercredi, en novembre et en décembre le samedi.


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