L’École des Femmes qui date de 1662, l’année du mariage de Molière avec Armande Béjart, s’attache à l’idée de l’amour. La pièce a trait à l’éducation sentimentale de la jeune Agnès, séquestrée par son tuteur, un barbon jaloux. D’instinct, la jeune fille se libère grâce à son amant Horace. À l’écoute de l’ingénue, la pièce fait scandale : « Le moyen de chasser ce qui fait du plaisir ? » C’est que le désir impose sa loi. Les détracteurs de Molière, les hypocrites offusqués par tant de désinvolture à l’égard de la convention, lèvent les armes. Molière rétorque haut et fort par une pièce en un acte et en prose, sorte de mise en abyme du théâtre dans le théâtre, La Critique de l’École des femmes. D’un côté, les opposants virulents à la pièce maîtresse, la fausse prude Climène, le Marquis ridicule, l’auteur et rival Lysidas. De l’autre, les défenseurs, Uranie et sa cousine, la perfide Élise qui préfère la provocation en simulant l’équivoque et en se ralliant mensongèrement à l’ennemi, sans oublier le Chevalier Dorante, porte-parole de Molière, portraitiste acerbe de ces combattants de paille, argumentant toutefois pour le seul Lysidas, plus éclairé.
Amateurs de théâtre éclairés
Le bon sens et le naturel du Chevalier s’expriment pour faire taire la polémique, d’autant que la seule règle est de plaire, entre délicatesse pour quelques-uns et complaisance pour le grand nombre. La mise en scène de Clément Hervieu-Léger s’amuse de tout et de rien, à la fois aigre-douce et joyeuse. Les personnages sont remisés dans les coulisses, sortes d’entrepôt de décors, fresques à l’abandon, rideaux de guingois et galerie de bois d’où l’on exprime son opinion en majesté. Le spectateur entre avec plaisir dans la confidence de ces amateurs de théâtre éclairés, dans la cadence d’une comédie éblouissante, une véritable assemblée privilégiée d’intimes qui aime la dispute. Le rôle d’Élise est tenu par Georgia Scalliet – ironie, œil pétillant et gouaille populaire. Quant à Clotilde de Bayser qui incarne Uranie, elle reste sereine et rieuse, sûre de son charme discret car « l’honnêteté des femmes n’est pas dans les grimaces. » Elsa Lepoivre est l’extravagante Climène, façonnière comique et précieuse dans l’âme, au même titre que le Marquis, turlupin ou bouffon, incarné à contre-emploi par le talent de Samuel Labarthe. Reste l’auteur à la gravité cassante et au burlesque sec, dont Christian Hecq en K-Way est un bel échantillon standard, illuminé autant que réaliste. Une troupe savoureuse dirigée à la baguette, avec le brio évident de Loïc Corbery en Dorante et Jérémy Lopez en galopin ahuri.
Véronique Hotte
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