Une tablée, des amis qui discutent, le Boléro en fond sonore : il y a quelque chose de très décontracté dans cette première séquence qui accueille le public. L’arrivée d’une septième convive vient marquer le début du spectacle. Une rupture s’opère lorsque quelque chose semble accaparer leur attention, au lointain vers le public. Inquiétude, mouvement de panique, une angoisse monte et la convivialité débarrasse le plancher. À partir de ce moment-là, le décompte des 2048 secondes qui s’affiche en grand entraîne les six danseurs dans une frénésie de mouvements, soutenus par la DJ Maclarnarque. Les chorégraphes Annabelle Loiseau et Pierre Bolo ont ainsi matérialisé l’idée du temps qui défile, de l’inexorable, de l’urgence aussi. Ça court, ça n’a de cesse de danser, dans une énergie martiale ponctuée de solos de break ou de krump.
Une démonstration de force
Outre des secondes, le décompte figure aussi des dates emblématiques de l’histoire, que reprend à son compte la danse. Les guerres, les révolutions, offrent des arrêts sur images furtifs dans le flot des corps, entre gueules cassées et poings levés. Cette mécanique parfaitement huilée, servie par des danseurs virtuoses, a pour limite de n’offrir aucune nuance dans les états de corps, aucune échappatoire dans les qualités de mouvement. Hyper puissants dans leur frontalité, les danseurs et les danseuses s’imposent au regard des spectateurs tout comme la musique à laquelle on ne peut se soustraire – la reprise du Boléro et sa boucle incessante pour terminer le spectacle ne fera qu’accentuer cette sensation. Ultra signifiantes, la danse et la musique passent à côté de la dimension philosophique de la notion du temps pour s’oublier dans un aspect très démonstratif.
Nathalie Yokel
à 15h, relâche le 11 juillet. Tél. : 04 90 82 33 12.
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