Avignon - Gros Plan

Kreatur de Sasha Waltz

Kreatur de Sasha Waltz - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon Festival d’Avignon. Opéra Confluence


Opéra Confluence / Chor. Sasha Waltz

Sasha Waltz a fondé sa compagnie, Sasha Waltz & Guests, il y a déjà 25 ans. Ayant multiplié les collaborations artistiques, elle a consacré les onze dernières années à des projets d’opéras. Avec Kreatur, elle revient à la danse pure, n’oubliant pas pour autant de s’entourer d’autres créateurs. La styliste Iris van Herpen, d’abord, a été associée dès les prémices du projet. « Le processus de création inclut les costumes dès son point de départ, le mouvement se dessine à partir d’eux puisqu’ils contraignent le corps directement, réduisant sa sensibilité, » explique la chorégraphe. Les deux femmes ont voulu élaborer des images interrogeant l’espace, celui du plateau mais surtout celui qui se trouve entre le corps et le vêtement. Le résultat est saisissant, que les interprètes se meuvent nimbés d’un délicat cocon blanc ou qu’une créature noire couverte de longues épines apparaisse. Renouant avec la musique électronique, elle a confié la partition au trio Soundwalk Collective, qui a enregistré in situ les sons de vastes espaces urbains, livrant une bande sonore souvent menaçante. Urs Schönebaum, quant à lui, a créé une lumière qui « oscille entre des jeux de lignes blanches et un noir profond envahissant ».

Une communauté aux prises avec ses pires angoisses

À un travail plastique superbe et envoûtant, se mêle un discours inquiétant, que ponctuent ça et là quelques notes d’humour. Dressant un portrait tourmenté de nos sociétés, Sasha Waltz met en scène une communauté, à la fois primitive et moderne, animale et robotique, aux prises avec ses pires et multiples angoisses. « Je voulais que l’atmosphère politique et sociale actuelle soit lisible dans la pièce, qu’elle apporte une appréhension de notre époque, de nos insécurités, des terreurs que l’on doit affronter individuellement mais aussi des peurs collectives de nos communautés et des ruses qu’il nous faut mettre en place pour les surpasser. » confie-t-elle. Pouvoir et impuissance, sentiment d’isolement, privation de liberté se lisent dans Kreatur. Certaines scènes sont d’une grande violence. Pour nourrir leur travail, Sasha Waltz et ses danseurs ont visité à Berlin une ex-prison de la Stasi devenue mémorial, guidés dans les cellules par un ancien détenu. Avec Kreatur, elle signe une pièce à l’esthétique léchée et fascinante, et au propos fort sombre.

 

Delphine Baffour

A propos de l'événement


Kreatur de Sasha Waltz
du samedi 7 juillet 2018 au samedi 14 juillet 2018
Festival d’Avignon. Opéra Confluence
1 place de l'Europe, Avignon

à 18h. Relâche les 10, 11 juillet. Tél. 04 90 14 14 14. Durée : 1h35.


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