Danse - Entretien / Anne Nguyen

Kata

Kata - Critique sortie Danse Paris Chaillot - Théâtre national de la danse


Théâtre National de la Danse de Chaillot
Chorégraphie Anne Nguyen

Par son titre, Kata nous plonge d’emblée dans un univers martial. Etait-ce l’idée de départ ?

Anne Nguyen : Oui, parce que je considère le break comme un art martial contemporain : il a été créé spontanément par des gens qui avaient besoin de s’exprimer pour combattre des choses en eux ou dans leur environnement. Comme dans les arts martiaux, on invente des mouvements pour combattre quelque chose de réel.

« Le point commun de mes créations, c’est l’interaction importante avec l’autre. »

Le kata représente aussi dans l’imaginaire une combinaison de gestes très précise, quelque chose de très formel. Est-ce une chose que vous allez transformer ?

A.N. : Je pratiquais déjà les arts martiaux avant de danser, et je baigne toujours dedans dans ma vie personnelle. Pour moi, ce n’est pas très éloigné de la danse, et surtout du break, du point de vue des sensations. Avec la capoeira, j’ai pu expérimenter le rapport à l’autre et un peu le contact, dans l’idée de questions-réponses, d’attention, de quelque chose qui n’est pas centré sur soi, mais sur ce que l’on reçoit de l’adversaire. Cela m’a toujours habité et j’ai cherché à ramener cette idée de contact dans ma danse, sous différentes formes selon les créations. Pour Kata, ma dixième pièce, cela se rapprochera plus d’une sorte de combat. Le point commun de mes créations, c’est l’interaction importante avec l’autre. Et effectivement, kata en japonais veut notamment dire « forme ». C’est une forme, comme une chorégraphie, qui sert à transmettre la gestuelle d’un maître à ses élèves dans les principes d’une école, d’une tradition, d’une pérennisation des découvertes du maître, de ses secrets. J’ai voulu également croiser l’esthétique du break avec l’esthétique martiale, en donnant l’impression que les mouvements de break pouvaient être des mouvements martiaux destinés à attaquer, défendre, esquiver, et en donner une autre image.

Vous êtes-vous appuyée sur des principes spatiaux forts, comme dans certaines de vos pièces ?

A. N. : Je reprends beaucoup le principe de la ligne. Les danseurs circulent comme dans Promenade obligatoire, mais davantage dans les deux sens, avec des flux et des reflux. Comme s’ils allaient affronter quelque chose, ou tout simplement avancer dans leur entraînement ou leur routine de combat. Ils essayent aussi d’y échapper et ils reculent, dans une idée de fuite assez présente tout au long du spectacle. C’est parfois matériel, et parfois plus symbolique. Je m’appuie aussi sur le principe cinématographique de l’ellipse, qui fonctionne grâce à un travail sur la création lumière, pour nous faire retrouver les danseurs dans d’autres états qui pourraient être éloignés dans le temps.

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement


Kata
du mercredi 11 octobre 2017 au vendredi 20 octobre 2017
Chaillot - Théâtre national de la danse
1 Place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75016 Paris, France

Du 11 au 20 octobre 2017 à 19h45, le jeudi à 20h30, relâche dimanche et lundi. Tél. : 01 53 65 30 00.


A lire aussi sur La Terrasse

  • Danse - Agenda

Times are changing

Avec la complicité de Jean-Claude Gallotta et [...]

Du mercredi 18 octobre 2017 au 23 octobre 2017
  • Théâtre

Le Camion

Comment prendre de la distance avec Duras [...]

Du samedi 14 octobre 2017 au 22 octobre 2017
  • Théâtre - Critique

Le Pas de Bême

Né d’un processus d’écriture collective « au [...]

Du mardi 3 octobre 2017 au 22 octobre 2017