Danse - Entretien

Jean-Paul Montanari

Jean-Paul Montanari - Critique sortie Danse


« Montpellier est résolument au bord de la Méditerranée et se doit de réunir des artistes, de les soutenir… En cela nos portes leur sont largement ouvertes. Les artistes comme Bouchra Ouizgen, Radhouane El Meddeb, Hooman Sharifi, Ali Moini… vivent à la fois dans leurs pays d’origine et dans des pays européens, qui peuvent leur fournir de quoi vivre, de quoi produire, les contacts, les interprètes, et les financements qui leur manquent la plupart du temps. Dans ces pays, printemps arabe  ou pas printemps arabe, ils n’ont pas de possibilités de financement. Au-delà de toute question ethnique, religieuse, il ne s’agit que de questions économiques. Mais depuis que je les connais, je vois qu’ils sont travaillés de la même manière que la plupart des méditerranéens – et des danseurs – par la question du corps. Il est vraisemblable que dans tous ces pays, cela les travaille autrement, parce qu’actuellement la lecture de l’islam oblige à un rapport au corps particulier. La question du créateur laïque est d’ailleurs compliquée à aborder.

Réinventer la tradition

Nous sommes aussi dans une grande proximité avec l’Espagne. Quand on voit apparaître des artistes de l’importance d’Israel Galvan ou d’Andres Marin, invité cette année, je n’arrive plus à penser qu’ils font du flamenco, ils sont au-delà. C’est la même affection qui me lie à Akram Khan, qui n’est plus un danseur de kathak mais un grand danseur d’aujourd’hui. Vu notre place géographique, on trouve naturel d’être proche de ces artistes. Il y a un public dans cette région qui est très proche d’eux, par cousinage, ressemblance, amour, culture commune, qui fait que c’est tout simple, aussi simple, d’une certaine manière, qu’avec les Marocains ou les Tunisiens. Ils opèrent un travail de post-modernité sur cette pâte traditionnel du flamenco : ils secouent tout et réinventent de nouvelles traditions contemporaines. On peut penser à ce qu’ont fait Forsythe pour le classique ou Akram Khan pour les danses traditionnelles indiennes. Ce travail sur la mémoire ou sur la tradition me fascine et me passionne, car c’est à cet endroit que je comprends le mieux la question de la modernité et de la remise en cause des formes, plutôt qu’avec des choses apparues ex nihilo ou venues de très loin. »

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel


Du 22 juin au 7 juillet 2012. Tel : 0800 600 740. www.montpellierdanse.com

A propos de l'événement




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