Jazz / Musiques COMPTE-RENDU

Jean-Marie Machado au Café de la Danse

Jean-Marie Machado au Café de la Danse - Critique sortie Jazz / Musiques Paris Café de la Danse


COMPTE-RENDU

En ouverture de soirée, Jean-Marie Machado prend le micro pour partager sa joie et son émotion de présenter son nouveau disque au Café de la Danse. Il faut dire que l’ambiance intimiste de la salle du XIe arrondissement fait figure de cocon idéal pour la musique personnelle, exigeante et virevoltante du pianiste français. Dernier tome « d’une trilogie libre » selon les propres mots du maître de cérémonie, « Lagrima Latina » fait suite aux danses singulières de « Fiesta Nocturna » (2009) et aux vocalchimies avec André Minvielle sur « La Fête à Boby » (2012).
Logique : avec Danzas, le pianiste-chef d’orchestre a sa disposition une vaste palette sonique. Et il en profite bien ! Grand ensemble surpuissant ? Il l’est quand les onze musiciens jouent ensemble. Trio vagabond ? Il le devient quand les percussions délicates de Stracho Temelkovski et le tuba majestueux de François Thuillier escortent un soliste. Chœur intense ? Il y arrive quand les voix de Simonetta Soro, Claudia Solal, Sofia Ribeiro ne font qu’une dans un étonnant maelström. Fragile orchestre de chambre ? C’est le cas quand le violon de Cécile Grenier prend le dessus de séquences pianissimo.
Héraut discret des musiques méditerranéennes, Jean-Marie Machado ne se met jamais en avant. Et chaque pièce devient alors un prétexte pour permettre à ses musiciens de se lancer dans des solos vibrionnants. L’ouverture grésillante de Lagrima Latina par le tuba de François Thuillier, la splendide intro de Non Son Unha Fotocópia par l’accordéon de Didier Ithursarry ou l’envolée de flûte de Joce Mienniel dans Te Escribo el Mar furent des modèles du genre : seulement suggérés sur disque, ils prennent toute leur ampleur en concert.
Au mitan de la soirée, le pianiste en chef reprend la parole pour préciser que la « larme latine » du titre de l’album peut être de tristesse comme de joie. Et pour cause : le melting-pot de langues que propose le programme rappelle à Jean-Marie Machado son enfance au carrefour de différents pays. Il entendait plein d’idiomes se mélanger ? Il reproduit donc le schéma dans sa musique : sur des mots du poète-chanteur Antonio Placer, on navigue du français au portugais, de l’espagnol à l’italien avec un naturel confondant.
Et ce que le pianiste réalise avec les langues, il le fait également avec sa musique. Danzas propose un véritable voyage express et éclair entre traditions bigarrées : des envolées orientales, des accents brésiliens, des ornementations andalouses, des éruptions de jazz new-yorkais… « Lagrima Latina » ressemble finalement à un résumé-panorama de tout le travail de Jean-Marie Machado depuis trente ans. C’est sans doute pour cette raison que le pianiste semblait aussi touché de voir le public du Café de la Danse l’inviter à un rappel en fin de soirée. Comme s’il ne l’avait pas véritablement prévu, il s’excuse d’avoir à rejouer une pièce interprétée une heure et demie plus tôt, Te Escribo el Mar. Rien de grave : Danzas ne connaît pas la répétition mécanique. Seulement la re-création permanente.

M. Durand

A propos de l'événement


Jean-Marie Machado Danzas
Café de la Danse

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