Elle trône sur le plateau. Mais si, rappelez-vous… Ces écrins confidentiels en plein espace public, il n’y a pas si longtemps utilisés alors que les téléphones portables n’étaient pas encore répandus. Les vitres renferment un éclairage blafard, un bottin bruni par les années et un combiné bleu. Tadz, Had et Lou s’y croisent sans un regard. L’un cherche sa fille, l’autre prend des nouvelles de sa mère, tandis que Lou recherche une personne pour discuter (alors elle compose des numéros au hasard). Lorsqu’ils ne téléphonent pas, c’est dans le public organisé en trifrontal que les trois interprètes reprennent place. Les portes en plexiglass battent, et la cabine qui amplifie autant qu’elle étouffe les voix de nos personnages avale leurs conversations intimes et leurs états d’âme. Le manège qui se met en place est rythmé par la création musicale de Noé Dollé, produisant une atmosphère cinématographique, support de la tension dramatique à l’œuvre dans l’espace réduit de la cabine.
Trois destins que finalement tout rassemble
Les histoires personnelles se dévoilent au fil des conversations dont on n’entend pourtant toujours qu’un seul interlocuteur, et très vite la psyché des trois personnages se distingue. Un père inquiet, tourmenté par ce rôle de père qu’il n’aurait peut-être pas bien mené. Un fils et frère dévoué qui cache sa véritable identité, tout en quémandant en vain la moindre reconnaissance maternelle. Et Lou. Lou semble tout droit sortie d’un dessin animé ou d’un roman de gare. Profondément amoureuse des gens, elle illumine le plateau dès son apparition, bien plus que les dizaines de diodes dorées qui jaillissent du sol (c’est féérique) au cours de la pièce. L’interprétation de Clotilde Morgiève touche au cœur et se veut au plus juste de ce que l’âme humaine la plus sincère a à offrir. Plus subtilement mais avec une grande précision, Yann de Monterno (Had) et Jean-Christophe Dollé (Tadz) portent haut les préoccupations intimes de leurs personnages. Ils sont accompagnés de cinq apprentis-comédiens ayant bénéficié d’une courte formation pour intervenir au cours de la pièce, et compléter le tableau touchant de celles et ceux qui passent devant la cabine, s’arrêtent – ou pas -, entretiennent un groupe social soudé dans le silence. Finalement les trois destins d’apparence hermétiques les uns aux autres se superposent sensiblement et nos héros, pour qui le combiné est la seule arme contre les difficultés de la vie, luttent ensemble. Sur scène, la magie artistique consiste à faire se rejoindre deux parallèles. Le tour est réussi.
Louise Chevillard
à 20h30. Relâches les 12, 13, 19, 20, 26 et 27 novembre. Durée : 1h25. Tél : 01 43 76 86 56
La compagnie du Berger déploie la fougue et [...]
Rien ne semble devoir arrêter l’ascension de [...]
Un duo entre piano et contrebasse par Thomas [...]