Théâtre - Critique

J’arriverai par l’ascenseur de 22h43

J’arriverai par l’ascenseur de 22h43 - Critique sortie Théâtre Monthey Théâtre du Crochetan


Théâtre du Crochetan / de Philippe Soltermann / mes Lorenzo Malaguerra

Sa mère écoutait des chansons de Joe Dassin. Son père, des disques de fanfares militaires. Pendant ce temps, le jeune adolescent qu’était Philippe Soltermann se plongeait dans l’univers surréaliste et poétique d’Hubert-Félix Thiéfaine. Il découvrait J’arriverai par l’ascenseur de 22h43, titre extrait du premier album du chanteur. Un choc eut lieu. Rien moins qu’une révélation. Quelques décennies plus tard, l’artiste suisse est toujours inconditionnel de celui qui fait figure d’électron libre au sein du paysage musical français. « Entre Hubert-Félix Thiéfaine et mon adolescence, il y a une ardoise, révèle-t-il. Un dû inquantifiable, mais si réel. » Pour honorer cette dette, il signe un seul-en-scène en forme d’hommage et de remerciement. Un monologue mêlant exaltation et humour, éclairant le rapport intime qui relie le comédien aux chansons de son idole, au lyrisme de ses textes, à la richesse des références et des inspirations qui font la particularité de son répertoire. Sur un plateau nu qui pourrait être celui d’une salle de concert, Philippe Soltermann s’avance vers nous d’une démarche tout d’abord incertaine. Presque timide. Avant de se laisser gagner par les bouffées d’enthousiasme de la groupie qu’il n’a jamais cessé d’être.

Une « plongée poétique au centre de soi-même » 

S’ouvre ainsi à nous l’existence d’un fan. En fait, un homme comme un autre. Avec ses doutes, ses ferveurs. Sa démesure. Sa drôlerie et ses excès. Un homme qui est parvenu à vaincre certaines fragilités grâce à la présence, à ses côtés depuis trente ans, d’une figure tutélaire. Ami imaginaire, balise artistique, divinité protectrice : Thiéfaine est pour lui tout cela à la fois. Pour orchestrer cette « plongée poétique au centre de soi-même », Lorenzo Malaguerra a misé sur le dépouillement. Ici, ni élément de décor, ni grand effet de mise en scène. Au plus près de l’intériorité de son auteur et interprète, J’arriverai par l’ascenseur de 22h43 s’appuie sur la profondeur d’une parole et la sincérité d’une présence scénique. Tel un funambule tragicomique, le comédien s’élance dans une prestation proche de l’équilibrisme. Certains clins d’œil échapperont à celles et ceux qui ne sont pas des intimes de l’univers de Thiéfaine. Peu importe. L’âme de cette création se trouve ailleurs. Dans le regard pénétrant et sensible que porte Philippe Soltermann sur son idole. Et sur sa propre vie.

Manuel Piolat Soleymat

 

A propos de l'événement


J’arriverai par l’ascenseur de 22h43
du vendredi 12 janvier 2018 au vendredi 9 février 2018
Théâtre du Crochetan
9 avenue du Théâtre, 1870 Monthey, Suisse.

Les 1er et 2 février 2018 à 20h, le 3 février à 19h. Spectacle vu le 12 janvier 2018 au Théâtre Benno-Besson d’Yverdon-les-Bains. Durée de la représentation : 1h05. Tél. : + 41 (0) 24 475 79 09. www.crochetan.ch


Egalement le 18 janvier 2018 aux Docks à Lausanne, les 8 et 9 février à l’Usine à Gaz à Nyon.


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