Théâtre - Critique

J’ai trop peur de David Lescot

J’ai trop peur de David Lescot - Critique sortie Théâtre Montpellier festival Saperlipopette


En Tournée / Texte et mes David Lescot

On connaît David Lescot, touche-à-tout du théâtre, pour ses spectacles musicaux et la variété des sujets que son travail explore. Ce dernier a concocté en 2015 un spectacle tout public à partir de 7 ans, qui depuis ne cesse d’arpenter les routes de France, signe d’un succès durable et amplement mérité. Voilà donc J’ai trop peur reparti dans une tournée printanière qui tombe à pic. Nous sommes à Quiberon, en Bretagne, et Moi s’apprête à passer les pires vacances de sa vie parce qu’en septembre, il doit passer de l’école élémentaire au collège. On sait les inquiétudes que cette situation peut générer chez un enfant. Alors la mère de Moi croit bien faire en invitant un voisin qui a déjà passé son baptême du feu. Problème : ce dernier, plutôt que de rassurer Moi, dresse un tableau apocalyptique de la vie au collège. Il raconte par le détail les intimidations des grands de troisième et les vols de dessert à la cantine, si bien que pour Moi, l’horreur redouble…

Des rôles tirés au sort

J’ai trop peur est un spectacle simple, ce qui, au théâtre, peut être une vertu cardinale. Simplicité de l’intrigue. Simplicité de la scénographie, avec un cube en bois dont les volets claquent et modulent allègrement des espaces imaginaires. Simplicité d’une mise en sons où les comédiennes bruitent en direct les cris des mouettes et les feux d’artifice. Simplicité d’une écriture qui discrètement donne à chacun des personnages son propre langage (notamment, à mourir de rire, la petite sœur de Moi qui se shoote à l’hélium et déblatère en zozotant dans un sabir très personnel qu’on ne comprend qu’à moitié). Par ailleurs, les trois enfants sont interprétés par des comédiennes qui, à chaque représentation, tirent au sort le rôle qu’elles vont jouer. A chaque représentation donc, des couleurs différentes apparaissent. C’est le jaune gris d’un été breton, le mauve d’une adolescence qui pointe son nez, le noir terrifiant de la plongée dans l’inconnu. C’est aussi le multicolore éblouissant, à l’instar des feux d’artifice estivaux, d’interprètes remarquables dans leur drôlerie et leur précision, qui donnent chair à des personnages universels et attachants. Être confronté à la peur de grandir, craindre de sortir de l’enfance, reculer devant le temps qui passe, le sujet parlera à tous. Il n’est donc pas nécessaire d’être un enfant pour courir voir J’ai trop peur.

Eric Demey

A propos de l'événement


J’ai trop peur de David Lescot
du samedi 4 mai 2019 au dimanche 5 mai 2019
festival Saperlipopette
178, rue de la Carriérasse, 34090 Montpellier

Du 15 au 18 mai au Théâtre Gérard Philipe à St Denis. Le 19 mai au Théâtre Paul Eluard à Choisy-le-Roi. Le 29 mai au Théâtre des Sablons à Neuilly-sur-Seine. Le 15 juin à Cannes.


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