« Je suis partie faire un voyage, avec mes sons, mon imaginaire, mon jeu… Et je les ai ouverts à des rencontres. Ces rencontres ont été très réelles et intenses. C’est comme si j’étais revenue complètement habitée par leurs présences… Ce que j’essaye de toucher, c’est une espèce de présence-absence : on ne la voit pas mais on la ressent tout le temps, en se faisant nos propres images. Pour la création d’Avignon, j’ai choisi des rencontres faites à Lille grâce à la jeune écrivaine Samira El Ayashi, avec une quinzaine de femmes d’une association qui viennent du Maroc, de Tunisie, d’Afrique… J’étais avec mes petites enceintes, mon ordinateur et mon violoncelle. Je leur ai dit : « C’est comme un voyage où vous choisissez l’endroit où vous aimeriez rester un moment et planter votre tente ». On est parties sur l’idée du rêve, des mots d’amour, de la prière, de la tempête…
Profoviev, Bellini, Bach et Schumann
Cela s’est passé pendant une semaine, très intensément, on s’est vues tous les jours. Et j’enregistrais : elles chantaient, il y avait des souvenirs qui remontaient. Je suis repartie avec des heures d’enregistrements. Ensuite, j’ai choisi des moments que j’ai intégrés dans le spectacle. J’aime faire venir dans mon univers des gens que j’ai rencontrés. Il y a eu d’autres rencontres, d’autres odyssées, comme avec Giovanna Marini ou Aharon Appelfeld, mais à Avignon, j’ai choisi de présenter le volet intitulé « Il y a quinze femmes autour de moi ». J’aime raconter des histoires mais j’aime aussi que tout ne soit pas dit. C’est dans cet espace entre ce qu’on dit et ce qu’on ne dit pas qu’il y a une telle force de vie. Je pense, en vous parlant, au métier de sourcier. C’est merveilleux de chercher des sources ! J’ai quant à moi l’impression de chercher l’endroit où quelque chose palpite. L’endroit où la musique est vraiment vibrante, lorsqu’elle s’ouvre au monde. Quand elle réagit, défend, hurle, se cache, est interdite, réapparaît, se transforme, se mélange, rencontre… Quand on demandait à la pianiste soviétique Maria Youdina (1899-1970) pourquoi elle jouait si fort, elle répondait : « Parce que c’est la guerre ! ». J’ai été marquée, imprégnée par cette idée-là. Quand la musique prend la parole, elle dit des choses qu’on ne peut pas dire avec les mots… »
Propos recueillis par Jean-Luc Caradec
à 20 h. Tél. 04 90 14 14 14.
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