Danse - Entretien

Hofesh Shechter crée Double Murder

Hofesh Shechter crée Double Murder - Critique sortie Danse Paris Théâtre du Châtelet


Théâtre du Châtelet /Chor. et mus. Hofesh Shechter

Dans Double Murder, vous réunissez en une seule soirée, Clowns, une pièce créée en 2016, et The Fix, une création. Pourquoi ce choix ?

Hofesh Shechter : La décision de composer une soirée est difficile à expliquer. Il me plaît d’alterner des pièces longues avec beaucoup de danseurs, une dramaturgie plus lourde, et des formats courts, plus légers et peut-être plus faciles. L’autre raison, c’est que j’ai créé Clowns pour ma compagnie de jeunes, Shechter 2, qui se produisait plutôt dans des petites salles. À chaque fois je pensais qu’il était dommage que la pièce ne soit pas vue par plus de monde.  Clowns est très divertissant, très violent, très drôle. C’est un grand spectacle, qui vous fait réfléchir, ressentir toutes sortes d’émotions. Et j’imaginais que ce serait bien d’avoir une sorte de post-scriptum qui conclurait ou ouvrirait une nouvelle perspective, qui signifierait qu’une autre option est toujours possible. Que l’on peut regarder la vie, et l’art de manière différente. Donc voilà l’idée.

 

« Fix » en anglais a de nombreuses significations : réparer, attacher, focaliser… Quel sens lui donnez-vous ?

H.S. : Je pense que l’ambiguïté est très saine.  La danse a toujours une composante abstraite, qui permet une multiplicité d’interprétations, des pistes à suivre de manière très personnelle. La danse est une forme d’art subjectif. Mon travail est d’intriquer les choses et de créer des formes de provocations, de questions. J’aime le terme Fix car c’est un mot complexe. C’est à la fois arranger et réparer les choses, quelque chose de beau et de positif, mais c’est aussi une terminologie utilisée pour la drogue – « un fix ». J’aime les questions que cette complexité soulève, et j’espère que ce sera la même chose pour le public.

 « On dirait presque que la soirée est faite par deux chorégraphes différents. « 

Le confinement a-t-il eu une incidence sur la création de cette pièce ?

H.S. : Oui ça a eu un impact parce que nous avions presque fini la création avant le confinement, mais pas totalement. Quand nous avons commencé à la créer, il y a environ deux ans et demi, nous étions dans un petit village en Italie et nous nous sommes enfermés pendant quatre semaines pour faire des recherches. La première chose qui en est ressorti était le désir de ralentir. Nous avons beaucoup parlé, beaucoup improvisé, et nous étions arrivés à la conclusion que la chose la plus précieuse, la monnaie qui avait le plus de valeur, c’était l’espoir. Et ça l’est toujours, d’autant plus maintenant. Nous nous sommes promis, parce que mon travail est toujours un peu compliqué, de créer un spectacle qui donnerait le pouvoir d’espérer.

Vous avez à la fois chorégraphié et composé la musique de ces deux pièces. Comment les avez-vous articulées ensemble ?

 H.S. : Ce sont deux pièces complètement différentes, une partie de ma joie de les réunir réside dans leurs énergies et leur bandes-son totalement opposées. Donc il n’y a pas eu de tentative de les lier ensemble. Le son de The Fix est très « planant », il y a très peu de rythme, voire pas du tout, contrairement à la plupart de mes autres compositions dont Clowns. C’est comme un voyage, comme un mantra. Clowns, ce sont des rythmes, des impulsions, un travail sur les ensembles. Dans The Fix il y a un travail de groupe où les danseurs sont très imbriqués et dépendent les uns des autres mais dans une forme dramatique autonome de la musique. On dirait presque que la soirée est faite par deux chorégraphes différents. Les moteurs du mouvement sont tout autres, comme leur dynamique. Ce sont deux rêves différents.

Propos recueillis par Agnès Izrine

A propos de l'événement


Double Murder
du mardi 5 octobre 2021 au vendredi 15 octobre 2021
Théâtre du Châtelet
1, place du Châtelet, 75001 Paris.

Dans le cadre des saisons du Théâtre du Châtelet et du Théâtre de la Ville hors les murs


Tél. : 01 42 74 22 77 ou 01 40 28 28 40. Durée 1h15.


 


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